« Ardoises Magiques » d’Alain Séchas
«Mille Feux»
Une exposition d’Alain Séchas est toujours plus ou moins fondée sur le choc entre un authentique désir d’harmonie et de réconciliation et une rage qui de traits en coups de pinceau ne manquera jamais de feuilles pour s’épancher, absorber la graisse d’encre des quotidiens, peindre scènes de rue ou de cités mais aussi des Mexicains qui, des murs de Siqueiros aux écrans de Hollywood, ont su porter le désir de révolution. Pour le dire très vite, Séchas est dans l’art comme dans l’existence : très partagé.
De l’installation la plus sophistiquée avec créatures animées, son et lumière, au croquis sur format A4, c’est la puissance de feu du dessin insufflée dans la plus grande variété de médiums. Et si pour cette première exposition à la Galerie Chantal Crousel, il choisit de livrer toute la gamme ou presque, c’est moins sans doute pour montrer ce qu’il sait faire que pour mettre en place sa petite fabrique de réalité.
Avec Jurassic Pork II, Séchas avait inventé une forme d’exposition, une fantasmagorie qui nous ramenait à la caverne. Brouillant alors la frontière entre boite blanche et cube noir, Séchas avait pu vider son sac, fonder autour d’une sculpture magistrale sadiquement plongée dans le noir, un grand déballage des obsessions entre récit initiatique et dazibaos, cela sous le regard d’un cochon-vampire affecté à la surveillance du secteur contemporain. Boîte noire ou crâne et comme une étrange proximité, dans cette façon de créer sur l’impuissance et la frustration, avec Mapping the studio de Nauman ; une façon pour l’un et l’autre de se résumer. Jurassic Pork II, c’était du cinéma, un cinéma que le visiteur devait se faire lui-même avec le cône de lumière d’une lampe de poche baladée sur toute une série de dessins. Séchas de toute façon en donne toujours trop. Pas beaucoup d’économie, hormis dans le trait, peu de retenue en dehors de l’émotion.
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Patrick Javault
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Julia Peker sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Ardoises magiques