Helen von Boch, Fernando et Humberto Campana, Pierre Charpin, Véronique Ellena, Konstantin Grcic, Enzo Mari, Philippe Million, Serge Mouille, Charlotte Perriand, Jean Prouvé
Architectures domestiques
L’architecture est un art savant et complexe dont une des fonctions majeures est de donner des repères spatiaux et symboliques. Reflet d’une époque, d’une culture, d’une société, l’architecture modèle les hommes et agit sur leur mode de vie. En effet, nul ne peut échapper à l’architecture, et chacun y est perpétuellement confronté.
Parler d’architectures domestiques — et modestes — c’est mettre en relation des modes de pensée et de construction qui se rapprochent, qui sont proches. Car dessiner un meuble, ou un objet, c’est se plier à des règles précises d’organisation de plans et de surfaces afin de répondre avec justesse aux impératifs de fonction. Le design qui est la discipline qui vise à une harmonisation de l’environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu’à l’urbanisme, est un proche parent de l’architecture. Parfois, l’architecte devient designer. Parfois le designer est appelé à réaliser des architectures.
Cette exposition est une sélection d’objets, souvent modestes par l’origine de leur provenance, qui sont nés de réflexions assidues et répondent à l’ensemble des critères de l’architecture définis, au Ier s. avant J.-C., par l’architecte romain Vitruve, par ses finalités: la solidité, l’utilité et l’élégance. Cette définition, si elle n’épuise pas le sujet, prend en compte la complexité de l’architecture, qui doit embrasser à la fois des aspects techniques (fermeté, sécurité de la construction), fonctionnels (destination, réponse à un programme) et esthétiques (harmonie, équilibre, beauté). Ce qui s’applique également au design.
Par ailleurs, le design n’est pas isolé du monde de l’art ou de l’architecture dans la mesure où il subit les répercussions des événements plastiques. Il n’est que de rappeler l’influence des cubistes, des néo-plasticiens et des constructivistes sur l’architecture et l’environnement à travers le Bauhaus, de Stijl et l’Esprit nouveau.
Mais, ainsi que l’a fait très justement remarquer Gérard Gassiot-Talabot, «aucun artiste aujourd’hui ne peut jouer ce rôle quasi démiurgique pour les générations futures de designers, car l’écart séparant une idée conceptrice (un tableau néo-plasticien de Mondrian) de sa génération décorative (l’ordonnance d’une cuisine moderne) s’est raccourci au point que, loin d’être unilatéral, le jeu d’influences qui s’instaure entre l’artiste et le designer est devenu réciproque». À la question «Le design est-il un art?», l’architecte américain Charles Eames répondait: «C’est une expression du but. S’il est de qualité suffisante, peut-être l’appellera-t-on plus tard de l’art.»
Tous ces objets sont des œuvres d’art accessibles qui embellissent notre quotidien et donnent sens à la relation que l’on entretient avec son époque.