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Architecture et peinture

POrnella Lamberti
@18 Juin 2011

Patrick Tosani revient aux sources de l’art. De la peinture d’abord, qui est éclaboussure, jaillissement enfantin, jouissance pure de la couleur. De la photographie ensuite, qui est captation formelle de la lumière et de la matière. Avant toute autre chose.

«Architecture et peinture». Dans le titre de la série de photographies de Patrick Tosani est contenu le dispositif: une maquette d’un immeuble quelconque, rectangulaire et morne, est aspergée de peinture de différentes manières et photographiée sous divers angles, sur fond blanc.

Très documentée, le supplice de la maquette maculée prend de multiples formes. Ici, elle est badigeonnée de rouge, de jaune, de violine, de bleu et de mauve, couleurs qui s’interpénètrent à grands coups de pinceaux, la peinture formant des monticules au coin des fenêtres. Là, l’infortunée maquette est rayée de jaune et de vert. Là encore, elle est bariolée de marron, de noir et d’ocre.
Patrick Tosani photographie la peinture en tant que telle, en tant que matériau avec, semble-t-il, quelque chose qui ressemble à la malice d’un Arman accumulant sur un tableau des tubes d’acrylique pour matérialiser la peinture.

Les jeux de lumière — celle-ci cognant violemment la matière ou miroitant sur la peinture comme le soleil sur une mer vaguement agitée — sont rendus prégnants par la photographie à la précision chirurgicale de Patrick Tosani. Observé sous tous les angles — de haut, de trois-quarts, de face, etc. — de manière neutre et informative, l’objet fixé sur papier glacé est observé avec la même acuité que le papillon sous l’œil curieux de l’entomologiste.

A visée quasi-scientifique, le travail de Patrick Tosani rend hommage à l’exactitude de la photographie, qui est sa vertu primordiale. Rendre visible le réel, ses textures, ses couleurs, ses formes, tel est le sacerdoce de la photographie. Fixer des images du monde, pour mieux l’observer.

En cela, la joyeuse fougue avec laquelle Patrick Tosani inonde sa maquette — métaphore des jeux d’enfant? — peut sembler peu compatible avec les enjeux méthodiques décrits ci-dessus.

Pourtant, n’est-ce pas ainsi que les enfants, ces minuscules démiurges occupés à supplicier les objets, découvrent le monde? Provoquant de mini-tempêtes, de mini-chaos, toujours à l’affut des conséquences engendrées par leurs gestes grandiloquents?

Ainsi, la série photographique de Patrick Tosani cristallise la construction et la déconstruction, le scientifique et l’enfant, le macrocosme et le microcosme.

Å’uvres
— Patrick Tosani, M&P27, 2010. Impression murale. 350 x 270 cm
— Patrick Tosani, M&P20, 2010. Photographie couleur c-print. 112 x 144 cm
— Patrick Tosani, Exterieur interne, 2007. Photographie couleur c-print. 147 x 198 cm
— Patrick Tosani, M&P4, 2009. Photographie couleur. 162 x 205 cm
— Patrick Tosani, M&P14, 2010. Photographie couleur c-print. 164 x 206 cm
— Patrick Tosani, M&P16, 2010. Photographie couleur c-print. 193 x 146 cm

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