Alan Fertil & Damien Teixidor
Arcane Vanilla
Alan Fertil & Damien Teixidor empruntent et s’approprient des objets et des approches provenant de l’éthique «Do It Yourself», du skateboard et du mobilier urbain, portant leurs recherches récentes vers l’exploitation de certaines formes d’exotisme. Ils s’appuient sur des principes d’analogie pour déplacer des histoires souterraines et spécifiques vers l’expérience du commun et du familier.
Les deux artistes conçoivent leur exposition à 40mcube comme un espace hybride à la croisée des places urbaines communes et de lieux qu’ils perçoivent comme des emblèmes. Parmi eux, «The Pit» à Venice Beach en Californie, un site balnéaire bitumeux devenu un lieu mythique du skateboard dans les années 1980-1990, partiellement détruit et ensablé suite à une augmentation de la criminalité, et Las Pozas, une folie architecturale érigée dans la jungle mexicaine par le poète surréaliste Edward James, qui exploite le végétal comme principe de construction, niant son rôle traditionnel d’ornementation.
Ces deux sites, devenus aujourd’hui des ruines contemporaines, témoignent d’utilisations successives mais aussi de pratiques parallèles à partir desquelles se développe un certain ésotérisme et se construisent des mythologies.
Rassemblant des œuvres s’apparentant à du mobilier urbain comme une fontaine et des jardinières agrémentées de mosaïques, mais aussi des «têtes» en bois sculpté et des tissus imprimés, « Arcane Vanilla » prend des tournures de mémorial imaginaire avec reliques, fossiles et emblèmes. L’exposition reflète cette conciliation difficile mais possible entre le secret mythique et le banal absolu, un glissement de l’urbain vers l’exotique et inversement.
«C’est l’efficacité formelle et les traits fonctionnels du minimalisme qui nous intéressent. Et dans notre démarche, c’est l’énergie du déplacement qui prévaut: le glissement d’une pratique [le skateboard] et la lecture formelle qui en découle dans le champs artistique. Je crois que notre démarche vient d’ailleurs: on ne part pas de l’art et du contexte du musée, mais on s’interroge entre autres sur la ville, ses attributs et leurs modalités.
Nos œuvres existent comme présences mais pas seulement. Notre questionnement passe par ce déplacement qui consiste à rapporter un vécu et une histoire extérieurs à l’art et à les resituer dans le contexte artistique. Cela a son importance car cette pratique apporte des nouvelles solutions formelles: le fait de «skater» nos sculptures enrichit leur condition physique.»
Alan Fertil