L’édition 2017 du festival « Art danse » donne l’occasion de découvrir, ou redécouvrir, Après-midi de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux. Alors qu’une autre pièce de jeunesse, Husaïs, leur avait permis en 1989 de rencontrer leur public et le succès, Après-midi n’avait pas manqué de confirmer la qualité du travail d’Eric Lamoureux et Héla Fattoumi. Tout comme Après-midi, Husaïs figure d’ailleurs au programme d’« Art danse. »
Après-midi
Pour Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, Après-midi est véritablement une pièce emblématique qui prolonge le duo Husaïs. Car ce dernier devient trio dans Après-midi : « Un tiers choisi, précisent les chorégraphes, entre (…) dans notre processus de création et nous permet de déjouer, tout en les affirmant, les principes compositionnels de notre danse, toujours arrimés à l’entrelacs de nos singularités, à ce goût de jouer avec les limites et les « contradictoires complémentaires. »
La forme chorégraphique d’abord privilégiée par Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, le duo, laisse donc place désormais à un trio d’interprètes. Sur scène, une femme et deux hommes, représentent certes trois présences, mais incarnent trois intensités, trois rythmes, qui symbolisent l’écoulement du temps.
Après-midi ou le tumulte des corps
Dans Après-midi, le plateau n’est pas occupé par les seuls danseurs : trois fauteuils à bascule, disposés en diagonale, sont d’inévitables partenaires de danse statiques. Or ces fauteuils ont une fonction particulière et centrale puisqu’ils sont à l’origine même des différentes postures adoptées par les interprètes. Ces fauteuils à bascule, synonymes d’instabilité, ont d’ailleurs un centre de gravité abaissé qui rend plus difficile l’assise et le balancement.
Au moyen d’un tel dispositif, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux sont à même de souligner ce qu’ils appellent l’« état d’urgence des corps. » Si l’opposition entre l’extrême puissance de ces corps qui se jettent dans l’espace et la douceur des instants de relâchement est nettement sensible, la chorégraphie est toutefois faite de contrastes. Contrastes d’ailleurs soutenus des jeux de lumières évoquant la présence de l’après-midi. Les trois danseurs se croisent et s’entremêlent, oscillant constamment entre force et faiblesse, tension et relâchement, et ce, sans retenue apparente.