Communiqué de presse
La production d’objets de Valentin Carron interroge le processus de construction des cultures nationales
tout comme les valeurs universelles. Ici, il met en place un environnement sculptural et sonore imposant,
constitué de nouvelles œuvres. Cette installation, qui force le spectateur à suivre un parcours architectural pré-
cis, accueille les pièces de trois autres artistes nés à la fin des années 1970 que Valentin Carron a choisi
d’inviter par amitié et par affinités artistiques.
“L’hiver attise ces violences sous la longue neige amie des fous, les ciels rouges et bistres entre aube et nuit déshé-
ritée, le froid et la mélancolie qui tend et ronge les nerfs. Ah j’oubliais l’effarante beauté des lieux” 1
Jacques Chessex, Le vampire de Ropraz (Grasset, Paris, 2007, cité par Valentin Carron.)
Originaire du Valais, Valentin Carron (1976) travaille dans le champ de la sculpture et revisite plus spécifiquement l’iconographie de la culture suisse vernaculaire. En produisant des succédanés d’objets et productions montagnardes (vin du Valais, symboles religieux, ours taillés dans du bois…), il interroge le processus de construction d’une culture dite nationale. Au-delà d’une lecture humoristique d’un pseudo- folklore authentique, il énonce les conditions de production et d’usage de cette imagerie et exprime une aversion à l’égard des « valeurs petites-bourgeoises et bien-pensantes repliées sur elles- mêmes.» Valentin Carron présente des pièces spécifiquement réalisées pour l’exposition au Centre culturel suisse qui permet, pour la première fois, au public français d’apprécier son travail de façon large dans une institution.
David Hominal (1976)
Pour cette exposition, il propose des peintures monochromes qu’il a soumises à un procédé de fumage dans une boucherie artisanale, une façon de transgresser les codes classiques du médium. “Face à la prolifération confondante de peintures, dessins et collages de David
Hominal, complétés à l’occasion par des installations ou des sculptures en carton dont la simplicité artisanale rappelle l’esthétique du pauvre, on pourrait se retrouver en plein dans ce qui passe pour l’enjeu central de la pratique artis- tique de ces quarante dernières années: la transgression des cloisonnements traditionnels. Les catégories plastiques et thématiques s’estompent et se décalent. Tableau et sculpture, espace et objet artistique, verbal et visuel, chacune de ces choses trouve sa place dans une oeuvre que l’on pourrait définir faute de mieux comme une sorte de ’peinture élargie’. (…)”
Philippe Pirotte, You’ll Never Walk Alone (sous la dir. de Philippe Pirotte, catalogue d’exposition, publié par le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne,
2007.)
Fabian Marti (1979)
Diplômé du Département photographie de la Hochschule für Gestaltung und Kunst Zürich (HGKZ), il a élargi sa pratique à
d’autres médiums avec une prédilection pour les négatifs tranchés au cutter qui forment des signes runiques conjuguant la
grande histoire de l’art, un artisanat brutal et un souci de l’élégance.
“On décide d’être artiste. Pour moi il s’agit d’un acte intellectuel. Je n’aime pas cette idée de l’artiste comme un être naïf qui agit, crée presque inconsciemment ou malgré lui. Mais on a tous sa propre idée de l’artiste, l’histoire de l’art grouille de milliers de sources d’inspiration, ses pères, à partir desquels tu prépares l’amalgame qui te colle vraiment à la peau. Et c’est vrai que j’ai toujours aimé les grands caractères, les fortes personnalités.”
Balthazar Lovay
Cofondateur de l’association Hard Hat (multiples & éditions), à Genève, il a fait peindre par des aquarellistes des motifs dont les formes ludiques et légères désamorcent le contenu. Diplômé de l’Ecole d’art du Valais et co-fondateur de l’association Hard Hat, Multiples & Editions, Genève. “On peut rire de tout, mais avec n’importe qui. Les aquarelles fait main (mais pas les siennes) de Balthazar Lovay redéploient une iconographie en fin de course, tant sémantique que critique, grotesque. Une façon de tester tant l’autonomie du champ de l’art, ses rites d’initiations, sa loi du secret (« je sais que tu sais que je sais que tu sais » ), que l’épaisseur réelle des images – à l’heure où celles-ci, de par leur potentiel de circulation, semblent interchangeables.” (Fabrice Stroun)