DANSE | SPECTACLE

Images

13 Fév - 15 Fév 2018

Le solo Images, de la chorégraphe et danseuse Antoinette Gomis, a déjà fait le tour du monde. Empruntant son titre à la chanson de Nina Simone, Images déploie une danse contemporaine hip-hop et sensuelle, ponctuée de langue des signes. Pour une célébration chorégraphique de la beauté consciente.

Figure-clef de la scène street dance [danse urbaine] française, la chorégraphe Antoinette Gomis cultive une danse contemporaine ouverte. En forme d’hommage à la chanteuse Nina Simone, le solo Images d’Antoinette Gomis plonge ainsi dans la beauté du corps en mouvement, corps féminin de couleur de peau noire. Un solo teinté de jazz, d’afro-house, de hip-hop, de langue des signes, pour une expérience sensible et plurielle. La chanson de Nina Simone, qui donne son titre à la pièce, est courte et lumineuse. Sa traduction française pourrait être la suivante : Elle ne connait pas sa beauté. Elle pense que son corps brun n’a pas d’éclat glorieux. Si elle pouvait danser nue, sous les palmiers, et voir son image dans la rivière, elle saurait. Mais il n’y a pas de palmiers dans les rues et l’eau de vaisselle ne renvoie pas d’images.

Images d’Antoinette Gomis : un solo chorégraphique, en écho à Nina Simone

Avec Images, Antoinette Gomis livre ainsi un solo à la beauté aussi envoutante que consciente. Chorégraphe au parcours riche et international (à l’aune d’une collaboration avec la chanteuse Madonna, notamment), Antoinette Gomis sait créer des images magnétiques. Intégrant chorégraphiquement les paroles de la chanson de Nina Simone, Images devient un moment de sensualité signifiante, pleinement investie. Avec la voix à capella de Nina Simone, parcourant l’espace comme un frisson. Et la où Nina Simone donne au poème de Waring Cuney l’éclat d’une sonorité suave et captivante, Antoinette Gomis, par son corps dansant, restitue elle aussi une autre image à cette femme sans reflet. Pour un spectacle où la réappropriation de l’image de soi passe aussi par la construction, à plusieurs, d’une beauté à la fois individuelle et collective.

La danse d’Antoinette Gomis : du hip-hop à la langue des signes

La chanson de Nina Simone, Images (1964), est notamment associée au mouvement des droits civiques aux USA. La tristesse qui transperce ce chant, Antoinette Gomis l’absorbe pour mieux la transformer en énergie créatrice, par la danse. Artiste pluridisciplinaire, elle s’empare des clichés pour mieux les emmener ailleurs. Le hip-hop, par exemple, est un mouvement culturel souvent associé à des images masculines. Ou à un élément de masculinisation des femmes qui, pour s’imposer dans le milieu, auraient besoin de se montrer plus viriles que les hommes. Ancrée dans la danse urbaine, Antoinette Gomis ne renonce à rien. Elle embrasse tous les versants pour mieux créer un vocabulaire commun, portable et partageable. À l’instar de son inclusion chorégraphique en langue des signes (américaine). Entre les genres, entre les couleurs de peau, entre les continents, entre les cultures, entre les générations et entre les disciplines, Antoinette Gomis compose ainsi des images-mouvements captivantes.

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