ART | EXPO

Antiteater

22 Jan - 14 Mar 2010
Vernissage le 21 Jan 2010

Lili Reynaud Dewar explore dans son travail les possibilités de "résistance" liée à l'excentricité, cette manière de penser, d’agir ou de parler qui s’éloigne du commun et des normes. Entre authenticité et simulation, elle joue à l’extrême de l’artifice, du symbolisme et de la théâtralisation.

Lili Reynaud Dewar
Antiteater

Les performances de Lili Reynaud Dewar, extravagantes et précisément documentées, ont pour thèmes l’histoire des sténodactylos au XX siècle (Structures de pouvoir, rituels et sexualité chez les sténodactylos européennes, 2009), les prémisses technologiques du cinéma (Black Mariah, 2009), la vision de l’Égypte dans l’Afrocentrisme (En réalité, le sphinx est-il une annexe du monument ou le monument une annexe du sphinx?, 2008), l’histoire des esclaves marrons (The Center and the Eyes et Queen Mother Nanny of the Mountains, 2006) ou la vie et l’oeuvre du designer italien Ettore Sottsass (In Every Room There Is the Ghost of Sex, 2008).

Si des références historiques multiples alimentent constamment son travail, elle utilise la fiction et les mythes comme de véritables outils critiques.

Prenant pour titre « Antiteater », l’exposition de Lili Reynaud Dewar au Frac Champagne-Ardenne s’inspire du fonctionnement spécifique de la compagnie de théâtre éponyme montée par Rainer Werner Fassbinder à la fin des années 1960. Hormis celui du metteur en scène, aucun rôle n’était en effet assigné de façon définitive aux acteurs et à l’équipe technique, et aucun statut n’était donc jamais acquis.

En intitulant ainsi son exposition, l’artiste questionne les relations de pouvoir et d’autorité qui s’organisent au sein du groupe de performeurs avec lequel elle travaille depuis plusieurs années. Avec eux, elle crée des « happenings fixés », selon l’expression de Marguerite Duras, contraignant à l’extrême les corps, les actions et la relation à l’espace de ses performeurs par le biais de sculptures.

Ce titre renvoie également à l’origine de l’exposition, une performance réalisée le 18 décembre dernier dans un théâtre de Reims dans laquelle Lili Reynaud Dewar donnait une conférence sur son travail tandis que des fragments de performances précédentes étaient simultanément rejoués sur scène.

Selon ce même principe de mise en abyme, l’artiste nous invite, grâce à cette exposition, à participer à une sorte de pièce de théâtre dans une pièce de théâtre, une technique qui a notamment été rendue célèbre par Hamlet. Cette pièce de Shakespeare intrigua d’ailleurs profondément Jorge Luis Borges, dont on sait qu’il avait développé une phobie des miroirs. Les oeuvres présentées au rez-de-chaussée du Frac Champagne-Ardenne sont en effet placées de manière à créer des jeux de miroirs.

L’artiste nous place ainsi à la fois dans le rôle de spectateur et de spectacle, suggérant que nous sommes tous les acteurs de ce qui ne semble plus réellement être une fiction, mais bien plutôt un ambitieux scénario possible.

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