Antoine d’Agata
Anticorps
Antoine d’Agata investit Le Bal, dix ans après sa première exposition marquante à la Galerie Vu. Dix ans de plus pour une œuvre qui ne compte finalement que vingt années derrière elle. Dix ans de confrontation, d’immersion toujours plus radicale dans l’épaisseur du monde, ses plaies béantes et ses marges incandescentes. Dix ans d’une lente mutation de son langage vers plus d’abstraction, plus de noirceur, plus d’épure, sans inflexion dans l’exigence qu’il adresse à son œuvre, qu’il s’adresse à lui-même. Une exigence de vie, de temps, un engagement face à la violence du monde qui l’obsède et le traverse.
Fannie Escoulen et Bernard Marcadé se sont plongés dans un corpus d’images de dizaines de milliers d’images, et de textes aussi. Avec Antoine d’Agata, ils ont pris à bras le corps une matière foisonnante, sédiments infinis de situations provoquées et de scénarios fortuits, une mine inépuisable dans laquelle il a fallu tailler. L’installation rend compte de l’ampleur de l’œuvre, des enjeux qui la fondent et de la position d’un homme qui va donner à l’expérience extrême de lui-même et de l’autre un pouvoir de révélation.
Cette dérive assumée, consciente, délibérée, ultime dispositif de résistance, donne naissance à l’œuvre pour ne faire qu’un seul et même objet, cet objet-corps qu’il utilise pour dire l’aliénation contemporaine. L’innombrable, l’indicible, la stupeur, l’extase, le mutisme, de telles figures trahissent le rapport que l’œuvre d’Antoine d’Agata entretient avec la mort, cette limite à laquelle il s’adresse et contre laquelle il est dressé.
Autour de l’exposition, des rencontres, débats, performances, lectures seront organisés afin d’éclairer cette œuvre dense, nourrie de nombreuses références — littéraires, philosophiques, esthétiques — et des passeurs aussi, qui témoigneront de leur rencontre avec Antoine d’Agata.
Enfin, un cycle de cinéma, proposé par un autre compagnon de route, Philippe Azoury, invitera à découvrir un univers cinématographique commun avec Antoine d’Agata.
Diane Dufour
Le projet Anticorps d’Antoine d’Agata est composé d’une installation au Bal et d’un livre publié en janvier 2013, aux éditions Xavier Barral, d’environ 2 400 photographies.
Vernissage
Mercredi 23 janvier 2013
critique
Anticorps