Présentation
Olivier Michelon, Julia Peyton-Jones, Hans Ulrich Obrist
Anthony McCall. Eléments pour une rétrospective, 1972-1979 / 2003-
Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «Anthony McCall. Eléments pour une rétrospective, 1972-1979 / 2003-», qui a lieu du 4 juillet au 7 octobre 2007 au musée départemental d’art contemporain de Rochechouart (commissaire : Olivier Michelon, directeur), et à la Serpentine Gallery, à Londres, du 30 novembre 2007 au 3 février 2008 (commissaires : Julia Peyton-Jones, directrice et co-directrice des expositions et des programmes, Hans Ulrich Obrist, co-directeur des expositions et des programmes, directeur des projets internationaux, Rebecca Morrill, organisatrice d’exposition).
Extrait du texte d’Olivier Michelon, «Sur la ligne»
«Les solid light films (films de lumière solide) d’Anthony McCall plongent qui les frôle dans un faisceau de suggestions : réduction abrupte du médium cinématographique, résurgence des croyances spirites du XIXe siècle, abstractions pures, sculptures de lumière, plans prolongés dans l’espace, volutes psychédéliques, murs franchissables, praticables éphémères, cadre pour une expérience collective… Longtemps, la fugacité de leur apparition ne faisait qu’accentuer ce sentiment. Comme tout film, les films de McCall n’étaient que des souvenirs de spectateur, visibles seulement le temps d’une séance. Considéré comme un film culte, Line describing a cone (1973) partageait le monde entre ceux qui avaient eu la chance d’y assister et les autres. Désormais, les Å“uvres de McCall s’approchent comme d’autres oeuvres, montrées dans le temps du musée, au même titre que sculptures, installations et peintures. Les séances se prolongent de jour en jour, pendant la durée de leur exposition, on peut sortir et revenir, tenter de fixer davantage ses souvenirs.
Trente années ont été nécessaires pour réintégrer pleinement la filmographie de McCall au sein de l’histoire de l’art. L’apparition massive de l’image projetée sur les cimaises, la réappropriation du film comme matériau de création par une nouvelle génération ont créé une conjoncture favorable à cela. Quant à la recrudescence dans la décennie passée d’œuvres jouant sur l’expansion du registre sensitif (Höller, Eliasson, Janssen … ), elle a également permis un réexamen des expérimentations des années 1970. Toutefois, le climat n’a fait qu’accompagner le mouvement centrifuge inhérent à l’œuvre de McCall.
«5 minutes of pure cinema, 5 minutes of pure sculpture» : sur un croquis de 2005, le statement ironique d’Anthony McCall dessine l’équilibre sur lequel s’est reconstruit son travail. Dans une autre étude, trois cercles représentent trois domaines («sculptural, pictorial, cinematic»), la sculpture, la peinture, le cinématique. C’est dans l’œil du cyclone que se situe l’artiste, dans l’alliance des trois régimes. Opérant un court-circuit historique, McCall entend repenser aujourd’hui ces catégories. Achevé une première fois à la fin des années 1970, dans le contexte d’un modernisme tardif attaché à l’idée d’une spécificité des médiums, le travail de McCall a repris tout récemment. Depuis 2003, une nouvelle série d’œuvres l’amène à se confronter à une donne qu’il avait partiellement écrite trente ans plus tôt, franchissant alors le fossé entre film et sculpture.»