Sleeping Songs

L’exposition « Sleeping Songs » à la galerie parisienne Marian Goodman dévoile plus d’une vingtaine d’œuvres inédites d’Annette Messager : des sculptures murales, des installations et des dessins traversés par l’attention portée aux êtres marginalisés, poursuivant son exploration de la féminité, ou encore hantés par des sentiments contradictoires, entre appels de la vie et de la mort. En fil rouge de l’exposition : les bras et les mains, outils de notre langage corporel.

Une vingtaine d’œuvres inédites d’Annette Messager à la galerie Marian Goodman

Le titre de l’exposition, « Sleeping Songs », reprend celui d’une série de sculptures murales qui ouvre son parcours. Pour cet ensemble réalisé en 2018 et 2019, Annette Messager a utilisé des couettes, des sacs de couchage et des doudounes à capuche qu’elle a ramené au statut de simple matériau plastique. Ces objets textiles multicolores, manipulés, pliés, suspendus, agencés selon de multiples formes, dévoilent alors toute leur polyvalence et leur polysémie, évoquant autant le sommeil et les rêves que l’amour et la sexualité ou encore l’isolement.

Si les sculptures de la série Sleeping Songs sont aussi marquées par l’absence de corps, celle-ci est curieusement renversée par d’innombrables mains humaines qui jaillissent des plis et autres creux des tissus, ouvrant d’infinis scénarii possibles. L’installation Innocents-Help, inspirée du tableau Le Massacre des innocents de Nicolas Poussin, est composée de filets, d’un pantin et de fragments de corps étalés sur le sol et surmontés d’une écriture suspendue au mur. Elle rend hommage, comme la série Sleeping Songs, aux déclassés de la société, aux plus fragiles et aux déplacés.

« Sleeping Songs » : sculptures, installations et dessins d’Annette Messager

L’œuvre intitulée Perdu dans les limbes, réalisée en 2019, est la première installation vidéo d’Annette Messager. On y voit des fragments de corps, main, chevelure, ventre féminin arrondi qui, comme des passe-murailles, semblent traverser les murs. Entre désir et absence, entre Eros et Thanatos, s’orchestre une danse troublante tandis que dans la dernière salle, l’installation Petite Babylone évoque une scène de fin du monde. Enfin, parmi la nouvelle série de dessins à l’acrylique présentée à la librairie, certains poursuivent la représentation humoristique et fantastique de l’anatomie féminine à laquelle s’est récemment adonnée Annette Messager alors que d’autres montrent d’évanescents fantômes ou génies sortant de lampes et de théières.