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Annette Messager. Casino

Très bel ouvrage présentant l’étrange et fascinante installation d’Annette Messager pour le Pavillon français, Lion d’or de la 51e Biennale de Venise. On y suit les aventures initiatrices et cauchemardesques de Pinocchio, pantin menteur, englouti par un requin, transformé en humain qui finit disloqué. Une métaphore des travers de l’humanité.

— Auteurs : Julia Kristeva, Suzanne Pagé, Béatrice Parent, Didier Semin
— Éditeurs : Paris musées ; Éditions Xavier Barral, Paris
— Année : 2005
— Format : 16 x 22 cm
— Illustrations : 96 en couleurs
— Pages : 176
— Langue : français
— ISBN : 2-87900-920-0 / version anglaise : 2-87900-922-7
— Prix : 39 €

Présentation

Pour le pavillon français de la Biennale de Venise, Annette Messager a conçu un projet spécifique à travers une appropriation totale du lieu. S’inspirant d’une œuvre légendaire de la littérature italienne qui met en scène un «héros» devenu universel, elle a conçu un parcours en trois étapes qui, de manière allusive et poétique, évoque une histoire traitant en même temps, de la création et de la filiation en art et, au-delà, du devenir de l’homme. Tragique, alors, l’alternative d’un jeu où l’immortalité d’un pantin serait celle de l’innocence tandis que l’humanité recouvrée condamne à la mort.
Dès le péristyle, le visiteur est immergé dans l’œuvre, chaque salle ayant un rythme propre qui renvoie à une étape de la transformation du « héros » suivant un déroulé précis.
Après avoir franchi — entre sommeil et mort — une forêt de traversins ponctuée de formes et d’objets divers au sein desquels se meut lentement le pantin, le visiteur, pénétrant dans la seconde salle, est happé par un bouillonnement fantastique et organique dont la couleur évoque la violence de l’engendrement et le passage au vivant. Dans la troisième salle, une machine infernale impulse au héros désarticulé de violentes contorsions. La souffrance est là, celle du manipulateur, celle du manipulé. S’agit-il de jeu ou de cauchemar, de plaisir ou de torture ?

Le «héros» individualité rebelle, double emblématique de l’artiste, joue sa vie, se défait et se refait. Pris entre le temps présent et le désir d’immortalité, il incarne dans sa dislocation la peur d’une ère post-humaine. La dualité est constante, fondement de l’œuvre d’Annette Messager et cela dès ses débuts, où femme et artiste, elle fait œuvre d’art d’un statut dont elle accuse les tensions.
Familière depuis toujours de matériaux ordinaires, voire dérisoires, bricolés dans des agencements plus ou moins sophistiqués, Annette Messager invente un univers singulier, entre attraction et répulsion, drame et ironie, évidence et ambiguï;té. Le banal et le quotidien, les lieux communs et les non-dits, les peurs et les fantasmes, constituent son terrain d’investigation. L’intrépidité manifeste de la démarche ne masque pas une vulnérabilité secrètement entretenue.

Ces dernières années, l’œuvre s’est considérablement développée dans l’espace tout en prenant une dimension plus grave, l’artiste réagissant aux bouleversements violents de la société contemporaine.
Récemment une tonalité plus introspective se mêle à des éléments publics et la petite Histoire rencontre la grande.

Revendiquant une liberté totale, insérée dans le présent, en continuel renouvellement, joueuse et sérieuse, l’œuvre d’Annette Messager s’enracine dans un imaginaire et un inconscient aussi sophistiqués que populaires, renvoyant aux multiples et souterraines interrogations qui agitent la société, exigeant dès lors une lecture également complexe.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris musées — Tous droits réservés)

L’artiste
Annette Messager est née en 1943 à Beck-sur-Mer, France. Elle vit et travaille à Malakoff, France.

Les auteurs
Julia Kristeva, née en 1941 en Bulgarie, est psychanalyste et écrivain. Elle a collaboré à la revue et au groupe Tel quel. Elle enseigne la littérature à l’université de Paris VII.
Suzanne Pagé est directrice du musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Béatrice Parent est conservatrice au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Didier Semin, né en 1954 en Alsace, est historien de l’art. Il a dirigé le musée des Sables d’Olonne et a travaillé successivement au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et au Centre Pompidou. Il enseigne l’histoire de l’art à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

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