Andreas Fogarasi
Année Le Nôtre
Andreas Fogarasi s’intéresse à l’esthétisation et à la commercialisation des espaces publics, à l’utilisation de l’architecture, de l’art et du design en tant qu’instruments de légitimation du pouvoir. Dans son travail qui combine différents média tels que le dessin, le texte, l’installation ou la vidéo, il articule des niveaux de langage complexes pour montrer de quelle manière mécanismes culturels et volonté hégémonique travaillent ensemble — ainsi que leurs limites.
Dans le choix du titre de cette exposition, «Année Le Nôtre», il fait un geste faussement mémoriel en l’honneur de l’anniversaire de la naissance du jardinier du roi Louis XIV, André Le Nôtre, comme il l’avait fait précédemment avec l’exposition «2008» — qui célébrait le mondial de l’automobile —, ou bien «2018» — qui laissait présager un futur proche bien qu’encore lointain porteur de promesses et d’utopies peu probables.
Non événement, marchandise culturelle, la date anniversaire qu’il emploie reproduit le jeu de la monumentalisation du calendrier. Ce type de monumentalisation produit par l’industrie patrimoniale culturelle et étatique devient chez Andreas Fogarasi un geste de décollement, tel que celui opéré dans la série de collages Architecture (Sights).
Prenant pour point de départ les cartes touristiques des villes de Florence ou de Pékin — comme il l’avait aussi pour Boston, Paris ou Düsseldorf —, il isole par découpage les architectures spectaculaires et visionnaires présentées par les mairies de ces villes comme exemplaires de leur identité, icônes de leur idéologie culturelle et progressiste.
Cependant, le China Central Television Headquarters de Rem Koolhaas et Ole Scheeren, ou bien la gare de Florence Santa-Maria-Novella, incisions modernistes dans une ville d’Histoire dessinée par Giovanni Michelucci, apparaissent désormais bien insignifiantes lorsqu’elles sont rétrécies par l’effet d’isolement et du déplacement de la carte à la feuille blanche.
Signes graphiques dépourvus de contenu, formes sans amplitudes, ces nouveaux monuments postmodernes (ceux de Norman Foster, Koolhaas, Zaha Hadid ou Renzo Piano) vont donc ici à l’encontre de leur célébration culturelle, sociale et topographique. Icônes de l’actuel rassemblées dans les Å“uvres Etoiles, elles mettent en jeu la surface: celle de la relation actuelle entre l’espace et la structure sociale, entre le vivant et son environnement.
Vernissage
Jeudi 5 décembre 2013
Légendes
01
Andreas Fogarasi
Courtesy galerie Cortex Athletico (Bordeaux-Paris), © Andreas Fogarasi