L’exposition « Crash Box » à l’Hôtel Windsor, à Nice, présente le projet éponyme d’Anne-Valérie Gasc, qui réunit des vidéos et des photographies renvoyant au thème de la destruction.
Crash Box : Anne-Valérie Gasc filme et photographie la démolition
Le projet Crash Box d’Anne-Valérie Gasc s’inscrit dans la pratique qu’elle développe depuis le milieu des années 2000 à travers divers supports autour des notions de démolition, de dévastation et de disparition. Ses réalisations sont conçues comme des stratégies de destruction, le geste destructeur devenant une œuvre en soi, afin de perturber notre appréhension du réel et remettre en question ce qui semble pérenne et immuable.
Qu’elles aient recours à des explosifs, à des ondes sonores ou à des moyens hydrauliques, qu’elles affaiblissent des structures ou les incendient, les œuvres d’Anne-Valérie Gasc ont pour but de déclencher un point de rupture et de basculement, d’ouvrir des failles où s’immisce le doute et où, selon elle, l’art peut advenir. Son projet intitulé Crash Box rassemble des œuvres vidéo et photographiques réalisées grâce à un dispositif de captation habituellement utilisé pour filmer de l’intérieur, au plus près des charges explosives, les destructions de bâtiments par foudroyage intégral.
Les vidéos Crash Box sont dans la lignée des premiers films expérimentaux
Pour réaliser cette expérimentation vidéo, Anne-Valérie Gasc a fabriqué des « crash boxes », des boîtes qui protègent les caméras de l’explosion et permettent de retrouver intactes les prises de vue. Toutes les vidéos composant l’ensemble Crash Box résultent du même protocole d’édition, à savoir une coupe franche qui conserve dix minutes de plan fixe avant la première détonation, la durée de l’explosion du bâtiment et deux minutes dans l’obscurité après la stabilisation de la caméra. Ainsi, le seul variable entre chaque vidéo est le laps de temps que dure la démolition du bâtiment. En utilisant un nouvel outil optique pour transformer l’ordinaire en œuvre, les vidéos Crash Box s’inscrivent dans la lignée des premiers films cinématographiques expérimentaux.
Parmi les chambres à thème de l’Hôtel Windsor, c’est la chambre « Aztèque » qu’Anne-Valérie Gasc a choisie, une pièce dont la fresque évoque la destruction programmée du monde. Elle met y en tension cette prédiction, devenue obsolète puisque les prédictions aztèques fixaient la fin du monde au 21 décembre 2012, avec le sentiment actuel de l’effondrement de notre civilisation. Entre figuration narrative et art conceptuel, fantasme et réalité, croyance et certitude, le projet Crash Box offre l’expérience d’un moment de lâcher prise et d’ouverture qui permet de penser autrement notre rapport au monde.