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Ann Veronica Janssens. 8’26’’

Des installations grandeur nature pour mettre en scène l’espace et l’architecture. Un jeu sur les perceptions, mêlant lumière, fumigène et sons, afin de provoquer la désorientation et de susciter les émotions. Une interactivité déroutante et déstabilisante pour qui se perd dans les méandres des œuvres sensorielles d’Ann Veronica Janssens.

— Auteurs : Nathalie Ergino, Ann Veronica Janssens, Anne Pontégnie
— Éditeurs : École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris / Musée d’art contemporain, Marseille
— Année : 2004
— Format : 23 x 23,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 152
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-84056-158-1
— Prix : 28 €

Notes
par Ann Veronica Janssens (extrait, p. 109)

Mes premières « constructions », réalisées au milieu des années 1980, constituaient des extensions spatiales de l’architecture existante. Elles s’y greffaient pour former et s’ouvrir sur ce que j’ai appelé des « super espaces ». Il s’agissait à la fois d’espaces entourant l’espace lui-même, d’espaces dans l’espace, de lieux de captation de la lumière, écrins de béton et de verre, d’espaces construits comme des tremplins vers le vide. C’est ce vide que j’essaie de mettre en mouvement, ce qui lui confère une sorte de temporalité. J’expérimente toujours les possibilités de fluidifier la perception de la matière ou de l’architecture, que je considère comme des sortes d’obstacles au mouvement et à la sculpture. Je me sers de la lumière pour qu’elle s’infiltre au-dedans de la matière et de l’architecture, afin de susciter une expérience perceptive qui mette en mouvement cette matérialité et en dissolve les résistances. Ce mouvement est souvent provoqué par le cerveau lui-même.

Je m’intéresse à ce qui m’échappe, non pas pour l’arrêter dans son échappée mais bien au contraire pour expérimenter « l’insaisissable ». Il y a peu d’objets dans mon travail. Ce sont des gestes engagés, des pertes de contrôle, revendiqués et offerts comme des expériences actives. Ma démarche se constitue de cette perte de contrôle, de l’absence de matérialité autoritaire, et de la tentative d’échapper à la tyrannie des objets. Mes projets se fondent souvent sur des techniques ou des faits scientifiques. La proposition plastique qui en résulte est alors comme un laboratoire qui rend visible sa découverte. La connaissance, les réflexes, les sens, l’humanité perceptive, et la psychologie sont au cœur de ces recherches. Ces expériences spatio-temporelles sont en effet d’ordre hypnotique ; avec cependant la volonté de renvoyer à la réalité plutôt que d’y échapper. Elles agissent comme des passages d’une réalité à l’autre en repoussant les limites de la perception, en rendant visible l’invisible… Il s’agit de seuils où l’image se résorbe, d’espaces à franchir entre deux états de perception, entre ombre et lumière, entre défini et indéfini, entre silence et explosion.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’Ensba)

L’artiste
Ann Veronica Janssens est née en 1956 à Folkestone, Grande-Bretagne. Elle vit et travaille à Bruxelles.

Les auteurs
Nathalie Ergino, commissaire d’expositions et critique d’art, est directrice du musée d’art contemporain (MAC), Marseille.

Anne Pontégnie est critique d’art et commissaire d’expositions indépendante.

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