L’exposition « Les Zippettes » au 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard, met à l’honneur l’œuvre d’Anita Molinero à travers plusieurs de ses anciennes sculptures, de nouvelles productions et des sculptures recyclées. Le titre de l’exposition fait référence au Zippo, célèbre briquet tempête créé en 1932 et qui fut longtemps associé à l’univers masculin et militaire, avant que, au cours des années 1960 à 1980, une minorité de femmes, généralement liées à la culture rock ou punk, s’appropriassent à leur tour cet objet populaire et iconique.
« Les Zippettes : sculptures d’Anita Molinero au 19, Crac de Montbéliard
La démarche d’Anita Molinero fait précisément écho à celle des « Zippettes » : l’artiste s’est en effet d’emblée émancipée des catégories technico-sociales et, au sens propre comme au sens figuré, joue avec le feu, ce dernier étant depuis les années 2000 l’outil principal de sa pratique, non exempte d’un désir de transgression et de provocation. A l’aide du chalumeau, du décapeur thermique, elle s’attaque aux innombrables objets en plastique qui peuplent nos vies pour les déformer, les transformer.
Anita Molinero transforme les objets en plastique
Polystyrène, polycarbonate, polypropylène et autres polymères , moquette, pare-chocs de voiture, vêtements, pots d’échappement, boîtes de fast-food, plots de chantier, phares de voiture, filets, cabanes pour enfants, containers, poubelles sont soumis à un geste expérimental qui ne vise pas la destruction mais une mutation alchimique. La chaleur modèle le plastique, le fait fondre, cloquer, goutter, le tord, l’étire, le troue, et lui confère de nouvelles textures et couleurs.
La sculpture par fusion, expansion et compression d’Anita Molinero
Anita Molinero met ainsi à l’épreuve les matériaux qui ont envahi toutes les activités humaines depuis un siècle ; elle teste leurs limites et les porte jusqu’à leur point de rupture, lorsque, échappant à sa propre contrôle, ils dévoilent des qualités matérielles et des esthétiques surprenantes, tour à tour grotesque, grandioses et suggestives. Ce faisant, Anita Molinero souligne la relation ambiguë que nous entretenons avec ces matériaux.