Anita Molinero
Anita Molinero
L’œuvre d’Anita Molinero est apparue au début des années 80 et n’a jamais cessé de se faire. Peu ou pas présentée sur la scène parisienne, ce travail est ancré dans le paysage plasticien français. Une récente monographie, qui retrace le travail de l’artiste, illustre avec habileté la richesse de cette Å“uvre. Oeuvre faite de refus, d’histoire, de culture, de langage, de rebuts…
Anita Molinero utilise, comme d’autres l’on fait, des matériaux de décharge, mais aussi des containers à ordures. Elle n’est en aucun cas tentée par une transfiguration rédemptrice qui, les sublimant dans leurs formes, les sacraliserait, grâce à un nouveau statut, celui d’oeuvre d’art.
Au contraire, elle les utilise pour la brutalité même que ces matériaux véhiculent. Et si ce travail évoque celui de certains sculpteurs anglais, sa démarche s’en oppose par la distance sans cesse affirmée avec les conventions d’une sculpture visant une transformation aux fins de séduire une esthétique bourgeoise. Il s’agit d’une oeuvre faite de violences, celles faites aux matériaux, torsions, distorsions, agressions…, et celle qu’expriment les sculptures ainsi nées. Mais il ne serait pas justice de garder sous silence l’incontestable beauté qui se dégage des ces assemblages. La couleur de tous les éléments choisis et combinés par Anita Molinero rayonne comme si celle ci, malgré tout, exprimait un optimisme triomphant. Les sculptures d’Anita Molinero nous surprennent et nous envahissent, puis nous deviennent familières car elles recèlent les composants d’une vie où sexe et mort, sensualité, renaissance, s’entre-mêlent.