John Akomfrah/Black Audio Film Collective, Hiwa K, Christian Marclay, Penny Siopis, Graeme Thomson, Silvia Maglioni
Angel with Dirty Faces
Avec cette sélection de vidéos, «Angels with Dirty Faces» est à la recherche d’un nouveau corps contemporain, qui serait le site même des luttes, un corps territoire où s’imprimeraient et prendraient forme les conflits, les systèmes et les histoires.
Le corps devient alors pour Olivier Marboeuf, commissaire de l’exposition, un espace de lecture, de transmission de récits et de savoirs secrets qui appellent à des situations particulières pour être libérés. L’exposition est ainsi pensée comme un espace rituel et magique, où chaque corps et son histoire produit son propre agencement.
Vidéos et films de l’exposition
— Black Audio Collective, Hansworths songs, 1986
La plus emblématique œuvre du Black Audio film Collective fondé notamment par le cinéaste anglais John Akomfrah, est un film manifeste à la puissance dub qui remonte et met en musique des extraits de reportages la BBC pour fabriquer un contre-poison lumineux aux violences raciales des années Tatcher.
— Christian Marclay, Guitar Drag, 2000
Une guitare électrique, traînée par un pick up, hurle sa plainte insupportable. Guitar Drag, œuvre radicale de l’artiste suisse Christian Marclay (né en 1958) rejoue sur un mode grinçant le lynchage d’un Afro-Américain mis à mort dans un Texas en proie au racisme.
— Graeme Thomson et Silvia Maglioni, What rises from the depths cannot help but break the surface, 2015. Installation 3 écrans, durée variable.
Avec cette nouvelle mise en espace des matériaux de leur film à venir Disappear One, le duo d’artistes Graeme Thomson (Ecosse, né en 1967) et Silvia Maglioni (Italie, né en 1968), transforme une traversée de l’Atlantique en paquebot en un chant polyphonique où résonne l’histoire de l’Europe en crise et de ses fantômes.
— Penny Siopis, Obscure White Messenger, 2010. Super 8 transféré en vidéo HD. 15min.
Le 6 septembre 1966, alors que le Premier Ministre d’Afrique du Sud Hendrik Verwoerd s’apprêtait à prononcer un discours devant la Chambre de l’Assemblée, un messager parlementaire le blessa à mort avec un large couteau de cuisine. Ce messager était Dimitrios Tsafendas. Placé sur liste noire et connut en tant qu’étranger à tendance communiste, Tsafendas n’aurait jamais dû être autorisé à pénétrer sur le territoire sud africain. Métis et apatride, il n’aurait pas non plus dû être nommé messager parlementaire, une position réservée aux sud-africains blancs. Réalisé à partir d’un témoignage de Tsafendas au moment de son procès où il fut jugé fou et de found footages collectés par l’artiste, Obscure White Messenger explore autant l’imaginaire collectif de l’Afrique du Sud, la négation d’un acte politique que la possibilité d’une histoire nationale racontée par un narrateur illégitime.
— Hiwa K, This Lemon Tastes of Apple, 2011. Vidéo, 13min.
Une vague de protestations débute le 17 février dans la région kurde d’Irak. Elle durera huit semaines avec un bilan annoncé de dix morts et quatre cents blessés dans les affrontements entre citoyens et militaires. Au cœur de l’une de ces manifestations qui appelaient à une plus grande justice et égalité entre les citoyens, à une meilleure répartition des richesses et à une transparence de la vie politique, l’artiste Hiwa K (né en 1975 en Irak) réalise une performance. Malgré les attaques de la manifestation par la police et le jet de bombes lacrymogènes, il poursuit l’interprétation à l’harmonica d’une musique d’Ennio Morricone. La force vitale du souffle lutte ici contre la peur et la terreur.