L’exposition « La Complainte du progrès » au MRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerranée de Sérignan, réunit des œuvres historiques de Tom Wesselmann, Mimmo Rotella, Andy Warhol ou encore Raymond Hains, et des œuvres contemporaines, pour un dialogue autour de la société de consommation et de communication.
« La Complainte du progrès » explore les rapports des artistes avec la société de consommation
Le titre de l’exposition, « La Complainte du progrès », reprend celui d’une chanson écrite par Boris Vian en 1956. Ce texte où l’artiste note que pour « faire sa cour » et « prouver son ardeur », désormais, plutôt que d’offrir son cœur, on offre « un frigidaire, un joli scooter » ou encore « un avion pour deux », illustre la période de prospérité des Trente Glorieuses, qui s’ouvre après la deuxième guerre mondiale et l’apparition de nouveaux produits de grande consommation qui l’accompagne, révolutionnant les modes de vie.
Associant œuvres issues des mouvements du Pop Art et des Nouveaux Réalistes et œuvres de la génération actuelle, l’exposition s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les artistes avec la société de consommation et de communication. L’œuvre Marylin, il Mito di un’Epoca, réalisée en 1963 par Mimmo Rotella, présente une affiche partiellement décollée, laissant entrevoir celles sur lesquelles elle a été appliquée. La peinture Still Life # 56 de Tom Wesselmann offre une nature morte composée d’un téléphone à cadran, d’un cendrier où repose une cigarette fumante, devant un interrupteur électrique.
Du Pop Art et des Nouveaux Réalistes à aujourd’hui, le regard critique des artistes
La série de photographies cousues d’Andy Warhol intitulée Coca-Cola reprend en noir et blanc le logo de la célèbre marque de soda. Autant d’œuvres qui montrent comment, dans les années 1960, les artistes du Pop Art puis les Nouveaux Réalistes ont investi de leur regard critique la question de la société, de sa promesse du progrès économique et social et de l’individualiste qu’elle promeut.
De nombreuses créations actuelles renouvellent l’approche de ces questions en les liant au contexte de la société numérique, où ma dématérialisation s’accompagne paradoxalement de la production de tonnes de déchets. Ainsi les œuvres comme Repository de Lucie Stahl, ensemble de canettes usagées sur lesquelles la marque est devenue invisible ou décolorée, Contemporary Floral Arrangement 4 de Sara Cwynar, qui imite un bouquet de fleurs par l’assemblage de centaines d’objets divers, ou encore l’enseigne fondue Spee de Jean-Baptiste Sauvage, invitent à une réflexion sur la façon dont le monde digital crée de nouveaux rapports aux biens matériels.