Jesus Sevari
Androcéphale
Retrouver cette mémoire cachée derrière les circonvolutions d’un esprit pensant, faire fuser le mouvement originel, primal. Sémillante. Sylphide aux mille métamorphoses, une femme spirite émerge d’une gangue de matière.
Elle se promène au milieu des dômes monolithiques créés par Yann Le Bras, frayant dans un paysage énigmatique aux courbes sinueuses, aux sentes mystérieuses. Les gestes dessinent une cosmogonie singulière, sublimant l’observation jusqu’au ravissement, conversion alchimique du vide en état de conscience augmentée.
Confrontation de la matière musicale et de la matière dansée pour ciseler un solo de 43 minutes. Plongée d’une force de vie au pays de l’Ennui « mystérieux et profond » matérialisée par Vexations, cette partition d’Erik Satie est jouée en boucle selon les vœux de son auteur qui préconisait: «Pour se jouer 840 fois de suite cette partition, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses».
«Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent et l’habitude le remplit. »
Marcel Proust, À la Recherche du Temps Perdu, II, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
Chorégraphie et interprétation: Jesus Sevari
Scénographie: Yann Le Bras
Assistante chorégraphe et AFCMD: Nathalie Schulmann
Costumes: Patricio Luengo
critique
Androcéphale