DANSE | SPECTACLE

De quoi sommes-nous faits ?!

16 Mar - 17 Mar 2018

Que signifie préférer mourir plutôt que d'avoir à subir les foudres de son père ? Partant d'un souvenir personnel, le chorégraphe congolais Andréya Ouamba explore la fabrique de l'obéissance, de la famille à l’État. De quoi sommes-nous faits ?! Une pièce qui mêle danse, musique et mots.

Peut-on, par la danse, traiter du politique ? Depuis plus de vingt ans, le chorégraphe congolais Andréya Ouamba (Cie Premier temps) creuse cette question. Pièce pour quatre interprètes, De quoi sommes-nous faits ?! articule danse, théâtre, musique et texte. À la suite des spectacles La sueur des ombres et J’ai arrêté de croire au futur, ce troisième opus interroge une fois de plus le politique. Par l’art, questionner les notions de pouvoir, de territoire et d’obéissance. Par la danse et les textes, proposer une pièce distanciée, une réflexion sur la reproduction des systèmes politiques dictatoriaux. Fruit d’une rencontre entre cinq artistes en résidence à la Cité Internationale des Arts, la pièce conjugue les énergies et les approches. Celles du guitariste congolais Press Mayindou, de la metteure en scène française Catherine Boskowitz, du scénographe français Jean-Christophe Lanquetin, et de l’écrivain camerounais Kouam Tawa.

De quoi sommes-nous faits ?! d’Andréya Ouamba : de peurs, de danses, de mots…

Plongée dans la mécanique des rapports de force, De quoi sommes-nous faits ?! explore ainsi les similitudes entre hiérarchies familiales et structures sociales. Sur scène, Andréya Ouamba, Clarisse Sagna (danseuse), Kouam Tawa et Press Mayindou déplient un récit dansé et parlé, à partir d’un souvenir personnel d’Andréya Ouamba. Pendant la guerre civile du Congo-Brazzaville (1993-1999), le jeune chorégraphe s’aventure dans les rues de Brazzaville pour ne pas avoir à subir les foudres de son père. Avec le recul, Andréya Ouamba reprend cette mémoire, en observe la portée politique. Ce que signifie d’avoir davantage peur du regard de son père que d’une rencontre mortelle avec des militaires. Un souvenir singulier, qui fait alors office de tremplin vers une déconstruction des schémas autoritaristes et paternalistes. Des hiérarchies familiales, à celles des institutions, à celle de l’État… Avec la famille comme éventuel noyau structurel du politique.

De la structure de la famille à celle de l’État : le trajet d’un souvenir personnel, corporel

Par les mots, les corps et la musique, De quoi sommes-nous faits ?! plonge dans la chair des interactions. Le décor est sobre, les quatre interprètes performent quatre soli sur fond de projection vidéo. Des images politiques qui mobilisent ainsi l’obéissance, la formation des groupes et des hiérarchies. Pour une scène composée d’individualités qui s’entrecroisent. « Alors, j’ai bravé la mort, simplement parce que cette mort que j’ai bravée n’avait aucune valeur à mes yeux comparée au regard de mon père s’il savait que je n’étais pas à la maison lorsque la ville était en crise, en guerre. » Ce souvenir personnel, d’Andréya Ouamba, envahit la scène, jusqu’à s’étendre à un pays entier. Pour demander jusqu’à quel point ce conditionnement légitime les dictatures et autres régimes autoritaires. Une pièce chorégraphique qui conjure ainsi la peur, l’observe pour mieux la déconstruire.

Tournée 2018-2019
– 1er octobre 2018 : Francophonies en Limousin – Théâtre de l’Union, CDN du Limousin
– 10-13 octobre 2018 : Théâtre de la Ville – Les Abbesses
– 17 et 18 octobre 2018 : Pôle-Sud, CDCN de Strasbourg

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