L’enfance d’Andrée Putman, née en 1925, se déroule dans un joyau de l’architecture romane, l’abbaye de Fontenay, et aux rythmes enchantés de la musique. De ce parcours elle conserve une gravité que restitue la profondeur de sa célèbre voix.
Plus tard, elle se nourrit de l’art contemporain aux côtés de Bram Van Velde, Pierre Alechinsky, Matta, Messagier et bien d’autres artistes de l’époque qu’elle rencontre avec son mari, le collectionneur et critique d’art Jacques Putman.
Ses débuts se font aux côtés de Denise Fayolle, pour la marque Prisunic. Afin de stimuler la consommation, l’innovation graphique, le stylisme, la définition de tendances et la presse sont mises à contribution. Andrée Putman participe activement à l’aventure et introduit «L’art pour tous!» dans le Bazar de Prisunic.
Après d’autres aventures, en particulier «Créateurs et industriels» avec Didier Grumbach, elle crée en 1979 sa propre entreprise Ecart international (anagramme de Trace). Elle innove en lançant la réédition de meubles et d’objets décoratifs des grands ensembliers des années 30: Jean-Michel Frank, Pierre Chareau, Eileen Gray, Mariano Fortuny. Parallèlement paraissent des ouvrages monographiques sur ces créateurs publiés par les Editions du Regard.
De la réédition d’objets du passé, elle passe à l’édition de jeunes talents tels que Sacha Ketoff, et produit ses propres créations en particulier l’ensemble de bureau de Jack Lang en 1983, rue de Valois.
Son engagement rime avec «la séduction dans la simplicité», et s’oriente vers une conception globale de l’architecture intérieure.
Dans l’univers décoratif des années 80 où se déploient couleurs «Memphis» et formes «Barbares», elle impose le noir, le blanc, le beige, le gris avec son agence d’architecture intérieure Ecart.
Elle est secondée par l’architecte Bruno Moinard, qui entre à ses côtés en 1979, et qui contribue à la plupart des réalisations: appartements et boutiques pour les couturiers Karl Lagerfeld, Alaïa et Chloé, l’hôtel Morgans, le bureau de Jack Lang, le Concorde, etc.
Grâce à des chantiers nationaux et internationaux le goût et l’élégance d’Andrée Putman franchissent les frontières. Elle incarne par sa personnalité et ses choix une rigueur esthétique qui a fait d’elle la meilleure ambassadrice d’un bon goût «à la française», et d’une esthétique rigoureuse: «J’ai toujours la même peur, la peur du trop», disait-elle.