Laetitia Benat
and rose again
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Crèvecoeur, Laetitia Benat a cherché à «dépeupler» son territoire en s’attardant sur des environnements plus minéraux, où les figures et les silhouettes ont tendance à disparaître. Elle a produit une série de diptyques, assemblant des photographies et des documents d’archives, parfois retravaillés avec des virages chromatiques, et construits en vis-à -vis. La tension créée par le rapprochement des images incite à les envisager comme les pages d’un livre à venir, dont le spectateur n’a que des fragments épars. La nouvelle série de dessins de roches et minéraux qu’elle propose semblent ainsi se glisser comme des interstices mystérieux dans cette succession de narrations elliptiques.
Elle présente également, en dialogue avec les dessins et les compositions photographiques, une série de pièces en céramique, dans lesquelles la figure humaine tend à se dérober, pour laisser place à des formes spectrales, quasi abstraites.
Le titre de l’exposition «and rose again» évoque la couleur des virages chromatiques qu’elle utilise pour teinter certains documents composant ses diptyques. La couleur rose est celle qu’on attribue traditionnellement aux filles, et l’artiste joue de ce stéréotype. Lorsque Gertrude Stein écrit «Rose is a rose is a rose is a rose», elle souligne également le poncif de la rose (fleur) comme symbole de la féminité et de l’amour, inscrit dans l’imaginaire collectif depuis la période romantique. Mais il y a dans cette phrase une dimension religieuse solennelle, évoquant la Résurrection : «on the third day he rose again» (1 Corinthiens 15:1-11), qui confère à l’exposition une condition plus sombre, mystérieuse.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Elisa Fedeli sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
And Rose Again