L’exposition « [Anaglyph] » à la galerie Voies Off, à Arles, présente des photographies de Mireille Loup à travers lesquelles elle revisite la technique ancienne de l’anaglyphe.
Les photographies de Mireille Loup, des nouvelles technologies aux méthodes anciennes
Les œuvres de Mireille Loup, photographe, vidéaste et écrivain, s’inscrivent dans une démarche transversale qui a recours aux techniques les plus modernes. Narratives, elles peuvent prendre la forme de vidéos dans lesquelles elle se met en scène, de photographies légendées, de photomontages, de moyen métrage diffusé sur Internet, de nouvelles, romans et contes pour enfants ou encore d’œuvres interactives sur iPad.
Les photographies en noir et blanc des séries Anaglyph 3D, 53.77, Les Fous du Rhône et Là rappellent que les techniques 3D perçues comme moderne ont en réalité été développées dès les débuts de la photographie, avant même l’invention du cinéma. Tout en poursuivant un travail résolument contemporain, les photographies de Mireille Loup se réapproprient ces techniques anciennes pour mieux explorer les modes de création de réalité virtuelle.
Mireille Loup revisite la stéréoscopie et l’anaglyphe
Pour la série intitulée Là , Mireille Loup a revisité des stéréoscopies de Charles Commessy, photographe amateur reconnu de la fin du dix-neuvième siècle qui a immortalisé la vie quotidienne des paysans, artisans, écoliers, villageois, nomades et des soldats de la Première Guerre mondiale. La stéréoscopie, inventée en 1838 par Charles Wheatstone, juste avant la photographie, permettait déjà de reproduire un relief à partir de deux images planes. Par le biais de techniques actuelles, les œuvres de Mireille Loup réinterprètent à la fois l’œuvre de Charles Commessy et la stéréoscopie.
La série Anaglyph 3D, 53.77 a quant à elle recourt à la technique de l’anaglyphe, mise en point par Ducos du Hauron en 1891. Comme dans la série Là et la série Les Fous du Rhône, galerie de portraits de personnes passionnées par ce fleuve, qui l’étudie, le fouille et le côtoient sans cesse, les photographies, observées sans dispositif permettant de percevoir le relief, apparaissent comme des images floues et instables marquées par des lignes décalées. Les clichés, reprenant l’aspect archaïque des ancêtres de l’image en 3D, expriment l’impossibilité d’obtenir une reproduction parfaite du réel.