Présentation
Daniel Arasse
Anachroniques
Comprendre comment l’œuvre s’adresse à son spectateur, et arriver, par les mots, à la faire voir, voilà la double motivation qui a toujours poussé Daniel Arasse à confronter sa pensée, dans le présent de son élaboration, à un interlocuteur réactif, (…) plutôt que de la livrer comme le résultat d’un cheminement solitaire prenant appui sur la formation et le savoir», telle fut la démarche salutaire de Daniel Arasse, selon Catherine Bédard, qui préface ce recueil d’essais du célèbre historien de l’art.
Connu avant tout pour ses remarquables travaux sur la Renaissance italienne, Daniel Arasse a touché un vaste public avec Le Détail, pour une histoire rapprochée de la peinture (1992). Il n’hésita pas à s’engager dans le domaine de l’art contemporain, notamment en écrivant une monographie sur Anselm Kiefer en 2000.
Anachroniques rassemble dix textes écrits à partir de 1993 et consacrés à des artistes modernes (Max Beckmann, Mark Rothko) ou contemporains (Alain Fleischer, Andres Serrano, Cindy Sherman, Michael Snow). La diversité des artistes étudiés montre l’ouverture de Daniel Arasse et la liberté qu’il s’autorisait.
Mais la motivation qui l’anime est toujours fondée sur l’intérêt qu’il porte au regard artistique et aux dispositifs anachroniques que celui-ci met en œuvre par rapport au passé ou à certaines questions théoriques anciennes que l’art d’aujourd’hui renouvelle. L’autoportrait, la mort, le désir ; les petits bricolages ou les grandes machines rhétoriques, la relation entre mémoire, histoire et mythes, ou celle entre pulsion sexuelle et pulsion créatrice ; les diverses modalités de la représentation du temps et, corrélativement, le rapport dialectique entre temporalité et chronologie dans l’œuvre d’un artiste. Daniel Arasse remet ici en question certaines idées reçues et ouvre de nouvelles perspectives sur l’ancrage de l’art actuel dans la longue durée de l’histoire des œuvres.
Daniel Arasse (1944-2003), élève d’André Chastel et historien de l’art spécialisé dans l’étude de la peinture italienne de la Renaissance, a publié de très nombreux ouvrages, dont L’Homme en perspective. Les primitifs d’Italie (Famot, 1978), Le Détail, pour une histoire rapprochée de la peinture (1992, Flammarion), Le Sujet dans le tableau. Essais d’iconographie analytique (Flammarion, 1997), Léonard de Vinci. Le rythme du monde (Hazan, 1997, Prix André-Malraux), L’Annonciation italienne. Une histoire de perspective (Hazan, 1999) et Anselm Kiefer (Editions du Regard, 2001).