Martin Mc Nulty
An All Over
À l’occasion de la précédente exposition de Martin Mc Nulty à la galerie, Joy Sorman écrivait «C’est le big bang qui recommence, un nouveau temps zéro pour l’univers en dilatation (…) Si ce n’est la création du monde, c’est alors sa fin; et cette fin est si éblouissante que je l’appelle de mes vÅ“ux».
Avec «An All Over», Martin Mc Nulty veut clore un travail engagé il y a 15 ans caractérisé par une production prolifique d’objets fabriqués aux matières, formes et dimensions variées.
Martin Mc Nulty distingue deux groupes de ces objets. Les premiers constitués de matériaux dits «traditionnels» (peinture à l’huile, toile, résine naturelle), d’aspect sombre et terreux évoquent fortement les trois règnes, animal, végétal et minéral, et se rapportent directement aux mythes du passé. Les seconds de couleurs vives, réalisés à partir de matériaux «contemporains» (plastique, peinture vinylique, papier, pâte à modeler, résine) sont purement actuels, quasi instantanés, sans références à une quelconque histoire.
Sébastien Gokalp dit d’ailleurs de ces objets qu’on ne saurait trop en dresser l’arbre généalogique: «s’ils rappellent les sculptures biomorphiques d’Hans Arp ou les peintures de Miro, leur flottante poésie est souvent contredite par d’autres pièces, issues de bas-fonds d’Eraserhead ou d’Alien, à la consistance plus âpre, comme si la matière prenait ses aises et redevenait informe. Le spectateur hésite entre la séduction et l’aversion (…) Ces formes instables réunissent nombre de qualités que l’on attribue à l’art: attirantes, énigmatiques, inutiles mais évidentes, elles construisent un monde abstrait plus vrai que nature».
Entre écriture automatique et langage élaboré, entre accumulation aléatoire et composition savante, entre répétition et variation, entre série et unité, entre fossile et vivant, entre fétiche et chose, entre magie et besogne, entre avant-garde et kitsch, entre punk et glam, entre sculpture et peinture, Martin Mc Nulty n’a cessé de brouiller les codes et conventions, de cultiver un anarchisme plastique, de résister au regard du spectateur pour affirmer l’autonomie de son travail.
La décision de poser ici un terme à cette fabrique fertile d’objets qui semblait pourtant ne pouvoir éprouver de limite, participe encore d’une représentation de l’artiste en effronté, seul maître et démiurge de son œuvre.
Martin Mc Nulty est né en Angleterre en 1966. Formé à Oxford et Londres, il vit et travaille à Paris. Le début du travail présenté aujourd’hui à la galerie avait été salué dès 2002 par le prix de Vitry.