ART | EXPO

Amoy/Xiamen

15 Fév - 14 Avr 2013
Vernissage le 14 Fév 2013

À partir d’une collection unique au monde de statuettes de la province chinoise du Fujian représentant un panthéon populaire des dieux de Chine et conservées au musée des Confluences de Lyon, Huang Yong Ping, originaire de cette même région, conçoit une exposition inédite, à la fois autobiographique et autofictionnelle.

Huang Yong Ping
Amoy/Xiamen

Huang Yong Ping construit son œuvre sur la possible rencontre de blocs souvent considérés comme antagonistes et globalement hermétiques; ce que l’on nomme généralement les communautés, les cultures et les civilisations.

L’intégration d’une «pensée du dehors» (expression empruntée à François Jullien, philosophe et sociologue), qu’elle soit d’«ici» ou d’«ailleurs» peu importe, constitue la trame principale sur laquelle chemine l’artiste, trame à toujours défaire et à reconstruire car il n’y a pour lui que des processus et des mutations.

Bref, il n’y a que de l’histoire et des pensées mobiles, des contextes, meubles et contingents, des échanges et des mutations, mais pas d’identités fixes, pas de clôtures.

«Parallèlement aux philosophes chinois, j’ai étudié les écrits de Wittgenstein puis ceux de Honegger, Kant, Nietzsche, Foucault ou Barthes. Ces lectures me permettent d’appréhender et d’analyser Une œuvre sous différents angles de vision. Cette notion est Essentielle pour comprendre mon travail. D’ailleurs, les titres de mes œuvres doivent également suggérer, donner une direction au Visiteur. Le jeu avec les mots est également primordial.» (Huang Yong Ping)

«Amoy/Xiamen», c’est l’ancien et le nouveau nom d’une cité portuaire, associés et distingués par un simple slash: Xiamen était anciennement connue sous le nom d’Amoy, que lui avaient donné les premiers voyageurs européens.

Amoy/Xiamen, c’est donc l’association d’hier et d’aujourd’hui. À partir d’une collection unique au monde de statuettes de la province chinoise du Fujian (représentant un panthéon populaire des dieux de Chine, collecté à la fin du XIXème siècle par Johannes Jacobus Maria de Groot), conservées au musée des Confluences de Lyon, Huang Yong Ping conçoit une exposition inédite, à la fois autobiographique et autofictionnelle.

Autobiographique, puisque originaire du Fujian, l’artiste a toujours vu ces statuettes en «situation» avant d’en découvrir les répliques «ethnographiées» et colorisées. Auto-fictionnelle, car c’est pour l’artiste l’illustration de la permissivité des champs culturels et de leurs significations flottantes (Histoire? Ethnographie? Art? Patrimoine? Réplique? Exotismes?…).

Elles démontrent le mécanisme des constructions et de l’homogénéisation des champs culturels.

La scénographie de Amoy/Xiamen joue sur les diagonales, les lignes de fuite. Pas d’angle droit, les œuvres sont disposées sur un plateau ouvert rythmé par quelques murs obliques permettant une circulation fluide qui n’impose aucun parcours prédéterminé.

Pour l’exposition, Huang Yong Ping s’approprie le 2ème étage du macLYON, soit 1000 m2. Il opère un déplacement entre biographie, anthropologie, recyclage et création; chaque œuvre désigne ce qu’on pourrait nommer un nouveau «début». Ainsi en est-il de Reptiles, créée et exposée en 1989 pour Les Magiciens de la terre, qui «recycle» le livre et l’oubli, l’histoire et la fiction, à des fins critiques.

L’œuvre est ici rééditée et produite par le macLYON. Ainsi en est-il de Mille bras de Bouddha, hommage/vestige au «porte-bouteille», à la fois icône duchampienne et référence à la déesse bouddhiste aux mille bras: Guanyin.

La sculpture initiale, conçue par l’artiste pour Munster en 1997, est démontée car usée, polluée mais Huang Yong Ping en conserve les bras patinés et partiellement détruits. Poing levé, force de travail, objet votif, uniformisation, globalité, display? Le musée produit une nouvelle version de cette structure monumentale en forme de porte bouteille.

Nous sommes ici au cœur même d’un phénomène très «moderne» de «patrimonialisation des mémoires et des consciences». Ainsi en est-il également des statuettes du Fujian désormais pleinement œuvres, sur décision de l’artiste, après avoir été un souvenir d’enfance pour lui, puis un objet ethnographique et enfin un patrimoine de musée caractéristique des pratiques culturelles coloniales d’une société occidentale regardant l’«Autre».

L’ancien et l’aujourd’hui: une création ou l’exposition de reliques déjà vues? Ready-made et déjà fait? Non, c’est un nouveau départ dans un monde de flux, de croisement, une création enfin globale, complexe, puissante et poétique.

Catalogue à paraître L’exposition s’accompagne d’un catalogue à paraître, qui inclut des vues d’exposition et des textes de Deirdre Emmons, conservatrice au musée des Confl uences, Doryun Chong, curator associé au MoMA New York et Donatien Grau, enseignant à l’Université Paris-Sorbonne, ainsi qu’une introduction de Thierry Raspail, directeur du macLYON.

Huang Yong Ping est né en 1954 à Xiamen dans la région de Fujian (Chine), où est organisée sa première exposition de groupe en 1983. Figure majeure de l’art, il a été un acteur fondamental du mouvement «Xiamen Dada» qui a pour devise «Le zen est Dada, Dada est le zen». Ce dernier manifeste son goût du paradoxe et de la déconstruction, produite par l’assemblage de significations hétérogènes.

Exposition réalisée avec le concours du musée des Confluences et de la Galerie kamel mennour.

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