Communiqué de presse
Jacob Holdt
American Pictures 1970-1975
Le musée Nicéphore Niépce propose de découvrir le voyage initiatique d’un jeune danois dans les années 1970 aux États-Unis. Jacob Holdt dresse un portrait sombre de l’Amérique à travers des photographies, utilisées comme preuves face à l’incrédulité de sa famille. Documents qu’il s’emploiera à diffuser à son retour au Danemark pour éclairer et dénoncer les incohérences d’une Amérique à laquelle les Européens refusent de croire.
Fils de pasteur, Jacob Holdt quitte son Danemark natal au début des années 1970 pour se rendre au Canada, avant que son goût de l’aventure et ses convictions ne le poussent à traverser les États-Unis pour rejoindre le Chili et participer à la révolution démocratique de Salvador Allende.
Fasciné en même temps que terrifié par l’Amérique de Nixon, alors en pleine guerre du Viêtnam, le jeune homme vagabonde finalement à travers quarante huit États pendant cinq années. Aspiré par les mouvements anti-guerre, les contre-cultures, les populations marginales, il s’arrête ici ou là , à la manière des routards: chez les pauvres, les riches, les Blancs, les Noirs. Il noue des amitiés informelles, a des expériences amoureuses, fréquente les bas-fonds comme la haute société de Cambridge, les ultra-racistes du Sud profond et les travestis noirs de Detroit.
De son périple outre-Atlantique, il relate les errements et les découvertes dans des lettres adressées à son père. Face au scepticisme du pasteur qui a du mal à croire que le Nouveau Monde puisse engendrer tant de misère sociale, de dénuement et de violence, Jacob Holdt se sert alors, par hasard ou par nécessité, d’un petit appareil photo envoyé du Danemark par sa famille. C’est pour rendre compte de la réalité de la société américaine, et notamment de la condition des Noirs et du racisme dont ils sont victimes, qu’il produit des images.
Devenu photographe grâce à l’impérieuse exigence du témoignage, Jacob Holdt réalisera ainsi des milliers de clichés en couleur. Ces clichés, témoins de son parcours initiatique, frappent par leur crudité, mais aussi par l’étonnante compassion qui s’en dégage.
Ne se considérant pas comme un photographe, Jacob Holdt construit ses images sans souci d’esthétique. Toutefois un réel sens de la composition lui permet de raconter dans chacune de ses images une véritable histoire ; une histoire vécue avec ceux dont il saisit l’image. Un constat sans détour de la misère.
Ces photographies, consignées dans un livre en forme de journal intime: American Pictures, seront éditées en 1978. La publication de ce voyage dans les coulisses du rêve américain obtient un succès énorme, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.
Quasi inconnu du monde de la photographie, Jacob Holdt est resté une figure importante du milieu militant danois. Sur la base du travail documentaire engrangé à l’époque, il donne encore aujourd’hui de nombreuses conférences contre le racisme, la pauvreté et l’injustice sociale. Ses images de l’Amérique des démunis des années 1970 ont ainsi inspiré Lars von Trier pour ses films consacrés à la société américaine, Dogville et Manderlay.