Eugène Von Bruenchenhein
American Beauty
Eugène Von Bruenchenhein, né le 31 juillet 1910 dans l’Etat du Wisconsin (États-Unis), perd sa mère à l’âge de 7 ans et travaille très tôt comme boulanger, fleuriste puis épicier. De corpulence fragile, il travaille toute la journée dans l’intimité de sa cuisine, et se livre dans le plus grand secret à une production artistique quasi obsessionnelle, persuadé qu’être né l’année du passage de la Comète de Halley est la preuve irréfutable que les dieux l’ont doté d’un génie artistique. «Je viens d’un autre monde», a-t-il l’habitude d’affirmer.
Il épouse en 1943 Eveline Kalke, de dix ans sa cadette, qui devient sa muse, l’inspiratrice et le sujet, direct ou indirect de l’ensemble de son art. Il la rebaptise du prénom de Marie.
La photographie devient alors son principal mode d’expression: il effectue des centaines de portraits de Marie parée de différents attributs — décorations de Noël, tissus à motifs, couronnes de cuivre — dans des poses souvent érotiques, installée sur une chaise devant un décor fabriqué de toute pièce. Marie est, tour à tour, déesse, reine, star, séductrice ou ingénue. Eugène Von Bruenchenhein développe ses photos dans son évier et découvre la double exposition qui leur confère une touche de surréalisme à la Man Ray. D’autres fois, il colorise les clichés à la main.
Parallèlement à cette création débridée, il réalise quelques toiles conventionnelles. Néanmoins, cette activité va prendre un essor particulier: en 1954, le développement de la bombe à hydrogène affecte profondément Eugène Von Bruenchenhein et marque le début d’une série de peintures expérimentales à l’huile qu’il applique avec ses mains ou des pinceaux confectionnés avec des cheveux de Marie. Enfin, Eugène Von Bruenchenhein entreprend d’exécuter des sculptures à partir d’os de poulets ou de dindes.
Son œuvre, découverte peu après sa mort le 24 janvier 1983 (à l’âge de 72 ans), fut exposée dès septembre 1983 au musée John Michael Kohler Arts Center de l’Etat du Wisconsin. En 2005, l’exposition «Create and be recognized, Photography on the edge», organisée à Chicago, en plus de lui emprunter son titre, le consacre définitivement et lui offre la reconnaissance d’artistes comme Cindy Sherman.
critique
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