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Ambition d’art. 30 ans du Nouveau Musée / Institut d’art contemporain de Villeurbanne

L’Institut d’Art contemporain de Villeurbanne fête ses trente ans. Son fondateur et directeur jusqu’en 2006, Jean-Louis Maubant, a rassemblé en deux volumes textes et images égrenant l’histoire de ce lieu fondamental dans le paysage artistique hexagonal.

Information

Présentation
Sous la direction de Jean-Louis Maubant
Ambition d’art. 30 ans du Nouveau Musée / Institut d’art contemporain de Villeurbanne

Le Nouveau Musée de Villeurbanne, devenu Institut d’Art Contemporain (IAC), fête ses trente ans d’existence par une exposition et ce livre. Une façon de reconsidérer l’histoire récente de la scène artistique à travers l’aventure d’un centre d’art. Une façon surtout de s’interroger sur les évolutions du système de l’art et de poser la question de l’ambition de l’art dans une société transformée.

Cette publication, en deux volumes sous coffret, réunit tous les artistes qui ont participé à l’histoire de l’Institut d’art contemporain :
– le premier (Alphabet) rassemble souvenirs, colloques, entretiens, images des grandes expositions (avec la participation de 130 artistes invités et de Jean-Claude Conésa, Xavier Douroux, Mark Francis, Jean-Louis Froment, José Lebrero-Stals, Jean-Hubert Martin, Fumio Nanjo et Sergio Risaliti) ;
– le second (Archive) présente la chronologie complète, largement illustrée, l’inventaire de la Collection Rhône-Alpes, les éditions, et les bonnes feuilles du colloque «Muséographie de l’Art Contemporain» de 1979.

Le catalogue est publié conjointement à l’exposition éponyme qui a lieu du 16 mai au 21 septembre 2008.

Extraits de l’avant-propos de Nathalie Ergino

«Plus qu’une célébration des trente années passées, Ambition d’art constitue un bilan, un bilan actif, que l’on pourrait qualifier de « rétro-perspectif ». […]

Si l’art, l’artiste est bien au centre du dispositif initial de l’Institut, c’est dans une relation active à l’autre, à la société. Or c’est précisément avec l’aide de « personnes privées, bénévoles et très engagées » que Jean-Louis Maubant va développer pendant ces trente années, une aventure exigeante et indépendante. Mixant les contributions privées et publiques, l’outil Nouveau Musée-Institut est avant tout au service la création et de la recherche, avec pour but d’accompagner cet « homme-artiste » et sa « capacité de lucidité sur lui-même et la société, sa volonté d’aller au delà du commun, sa prémonition, sa capacité critique, sa volonté de parler à l’autre, par l’émotion autant que par le discours rationnel ». C’est pourquoi Jean-Louis Maubant donne sa préférence aux expositions personnelles, qui lui permettent de mieux « pénétrer dans une œuvre, dans une pensée toujours complexe ». C’est dans ce même souci d’approfondissement et de pédagogie qu’il instaure, autour de l’artiste, une panoplie d’outils didactiques : documentation, archives, publications, rencontres, échanges. Et c’est dans la quête d’une « résistance de l’Institut au spectacle de l’art » qu’il ré-invite certains artistes à des moments-clés de leurs parcours, pour affirmer la nécessité en art des notions de temps, d’étude et d’engagement, sans lesquelles aucune position critique n’est possible.

Aujourd’hui, quel est le rôle et la pertinence d’un Institut d’art contemporain face à la création actuelle et ses fonctionnements ? C’est à la suite d’un parcours qui m’a conduite successivement à la direction d’un Frac en Champagne-Ardenne, puis à celle d’un Musée d’art contemporain à Marseille, que je suis amenée à considérer les principes qui ont régi cette structure, comme non seulement encore valides, mais comme plus que jamais nécessaires. De plus, l’acte de transmission de cette mémoire est à considérer ici comme un socle de travail indispensable à l’élaboration d’un futur, particulièrement dans un monde en pleine mutation campé dans son éternel présent.

Cependant, les « croyances » ont changé, nous imposant d’associer à toute entreprise d’approfondissement des stratégies d’extrême mobilité. Car, si les artistes ressentent le besoin de « mise à plat », c’est moins pour parvenir à un bilan que pour se procurer une « pause » à travers l’exercice de l’exposition comme forme artistique à part entière.Si le public sollicite une pédagogie, c’est au delà d’une attitude consumériste, pour s’intégrer à un groupe comme acteur potentiel…

La démultiplication des données et leur mondialisation (artistes, musées, collectionneurs…) impose une acuité et une vigilance d’autant plus grandes si l’on veut préserver la place centrale et matricielle de la création. Comment maintenir le cap artistique face aux débordements du marché de l’art et aux emprises de l’audimat sur les musées ?

Toutefois cette démultiplication ne génère pas que du vide. Car si ce trop plein confère le vertige, il suscite également l’excitation, la curiosité, l’espoir de la découverte. Comment, sans position de repli, contribuer à son temps avec exigence et mobilité d’esprit ? Si l’art devient une industrie, cela ne lui ôte pas obligatoirement ses qualités dans la mesure où les artistes restent maîtres du jeu. Or cet exercice est devenu aujourd’hui un défi permanent. Tant pis pour les artistes qui renoncent à la quête de cette liberté. Après tout, le cinéma, la musique, la littérature sont le fruit depuis longtemps déjà d’approches aux intentions différentes à l’attention de publics diversifiés.

C’est pourquoi l’on peut se plaire à rêver que les structures de création et de diffusion telles que l’Institut d’art contemporain, puissent accompagner les artistes le plus loin possible dans la préservation leur liberté d’être et de créer. Celle sans qui dimension critique ou subversive de l’oeuvre, impact de l’inattendu et singularité ne seraient pas possibles. A la fois, prospectif et archiviste, expérimental et théorique, l’Institut d’art contemporain pourrait être ce « nouveau laboratoire du temps » qu’évoque Jean-Louis Froment dans ce livre, en résumé un Institut.»
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