Amar Kanwar
Amar Kanwar
La Galerie Marian Goodman présente pour la première fois dans son espace parisien une exposition consacrée à l’artiste indien Amar Kanwar. Quatre œuvres seront visibles le temps de l’exposition, du 8 mars au 12 avril 2008 : The Lightning Testimonies (2007), The Bodhi Tree (2005), Henningswaer (2006) et The Smile (2007).
Les films et installations d’Amar Kanwar, à l’esthétique à la fois documentaire et poétique, explorent les aspects politiques, sociaux, économiques et écologiques propres au continent indien.
Retracer l’héritage de la décolonisation et du morcellement du pays, évoquer la dispersion des familles, la violence sectaire et les conflits frontaliers constituent des motifs récurrents dans l’œuvre d’Amar Kanwar. L’artiste explore en profondeur des problématiques liées aux relations familiales, au genre et à la sexualité. Des questions d’ordre philosophique et religieux ou portant sur le processus de globalisation sont aussi au centre de ses préoccupations.
Par des images, des objets rituels, de la littérature, de la poésie ou du chant, Kanwar crée des films à thèses, tout à la fois lyriques et méditatifs qui n’ont pas tant pour but de représenter un traumatisme ou des situations politiques que d’essayer de trouver les voies qui puissent les dépasser. Les œuvres de Kanwar questionnent les causes et les effets et observent comment ils se traduisent dans le quotidien et les pratiques culturelles.
La nouvelle pièce d’Amar Kanwar, The Lightning Testimonies (2007) est une installation vidéo constituée de plusieurs projections simultanées qui rend compte de l’histoire conflictuelle qui agite le sous-continent indien et ce, à travers l’expérience de la violence sexuelle. Dans cette exploration, plusieurs histoires enfouies ou tues refont surface, soit à travers les personnages eux-mêmes – sous forme d’images ou de souvenirs –, soit par le biais d’éléments issus de la nature et du quotidien, – silencieux témoins qui demeurent malgré le temps qui passe. Le corps est au centre de chaque histoire, tant objet de haine et d’humiliation que dépositaire d’une forme de dignité et capable de contester.
The Lightning Testimonies crée une expérience qui prend forme à partir d’une constellation de 8 projections synchronisées, avec une bande son qui fédère des histoires hétéroclites. A mesure qu’elles se déroulent, des femmes de différentes périodes et région entrent en scène. Dans chaque film projeté apparaissent une série de questions qui s’adressent directement à ces femmes, comme une tentative pour comprendre comment des personnes et des communautés font face à une telle violence, comment elles la mémorisent et l’assimilent. Les histoires disparaissent et réapparaissent pour renaître à travers une époque et un vocabulaire nouveaux.
Utilisant un vocabulaire visuel protéiforme, The Lightning Testimonies, nous mène d’un monde de souffrances vers un espace de calme, contemplatif, où la résistance crée un potentiel de transformation.
Pour Henningswaer, l’artiste s’est penché sur le théme du voyage. Le tour des événements avait été glaçant, le voyage vers l’exil déstabilisant, le sourire du bureaucrate tragique ; associer le mot espoir à chez soi semblait improbable et fusionner le passé et le présent involontaire ; – la frontière entre paradis et prison était ténue.
Henningswaer a été tourné en grande partie derrière une vitre, en Norvège sur le cercle polaire, dans l’île d’Henningsvaer, célèbre pour sa pêche à la morue.
Dans The Bodhi Tree, l’artiste s’intéresse à Sitt Nyein Aye, diplômé de de la prestigieuse Ecole Nationale des Beaux-Arts et aussi célèbre artiste birman. Après la répression militaire des manifestations pro démocratie d’août 1988, Sitt a dû quitter la Birmanie. A présent, il vit en exil à New Delhi où il continue de travailler en tant qu’artiste. The Bodhi Tree a été filmé dans son atelier à New Delhi.
Lorsque le Général en Chef Than Shwe, chef suprême de la dictature militaire birmane visita le crématorium où se trouve le mémorial de Mahatma Gandhi à New Delhi, il lui rendit hommage. Le dictateur birman déposa une couronne, jeta des pétales de roses et son assistant sourit. Cela s’est passé le 25 octobre 2004. D’un événement politique, l’artiste en fait une vidéo intitulée The smile. Loin de la dénonciation, il se contente de démontrer, à travers un fait réel, toutes les contradictions d’un pays en quête d’identité.
critique
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