Présentation
Georges Pacheco
Amalthée
Adaptant ses approches et ses dispositifs aux différentes problématiques qu’il traite, Georges Pacheco essaye de comprendre comment s’opèrent les processus de représentation dans le portrait photographique. Son implication et la proximité qu’il crée avec les personnes qu’il photographie ou auxquelles il demande de réaliser un autoportrait sont autant de nécessités, pour lui, d’éprouver et de questionner l’autre.
Cet ouvrage présente sa série photographique Amalthée, dont le titre est tiré du nom de la chèvre qui a allaité Zeus enfant dans la mythologie grecque, et pour laquelle il a photographié dans le cadre intime de son studio, des mères aux personnalités et aux physiques différents en train d’allaiter leur enfant. Elle se veut un hommage photographique à cet acte universel qu’est l’allaitement maternel, tout en empruntant des références à la peinture de la renaissance italienne ou hollandaise. Référence, faite également, à la sensualité qui régit la plupart des peintures religieuses dès le Moyen Age, celles-ci ayant été souvent proches des sujets profanes par l’introduction de poses suggestives et de l’usage des nus.
En revisitant cette icône de la vierge allaitant, qui a été un thème central et récurrent de la peinture du XVe au XVIIe siècle, au point d’avoir marqué notre inconscient collectif, Georges Pacheco essaye de questionner les processus de représentation et d’incarnation d’une telle image archétypale par des vraies mères d’aujourd’hui, à qui il demande d’être dans un «hors soi» tout en vivant pleinement un moment intime avec leur enfant.
«Seul spectateur dans mon studio de cette scène symbiotique, je guette, fixe et extrais ainsi les moments d’états de grâce furtifs où se révèlent l’ébauche d’un “hors temps” et la sensation d’un déjà -vu pictural. Loin de vouloir plagier ou imiter telle ou telle représentation d’une Vierge allaitante d’après un modèle spécifique, je cherche à comprendre comment s’opèrent certains mécanismes introjectifs d’identification, dans le cas d’assimilation d’images aussi simples et aussi puissantes que celles des Madones de l’iconographie chrétienne.»
Georges Pacheco