Communiqué de presse
Sr Labo
Amalgame
« On devrait mieux respecter la pudeur avec laquelle la Nature se cache derrière des énigmes et des incertitudes chatoyantes ». Nietzsche, Le Gai savoir
Et voici que sous nos yeux la cire, telle la déesse Isis ôtant un à un ses voiles, nous révèle son inessentialité féconde ; sa parenté avec la célèbre formule d’Héraclite : « La Nature aime à se cacher en se montrant. ».
Mais, si une réalité en cache souvent une autre, il est des moments, plus rares encore, où deux réalités – que tout oppose – s’amalgament en un seul corps. Les sculptures organiques d’Sr Labo relèvent de cet ordre, de ce type d’état quantique où la matière s’agite et renonce à toute identité stable.
Poursuivant l’œuvre poétique des anciens botanistes pour qui les plantes n’étaient qu’une variété particulière de bête se tenant la tête en bas, la taxinomie des formes, qu’Sr Labo invente, défie les lois de la physique et de la biologie moderne : elle les contourne ou les parodie pour mieux nous inciter à contempler le monde du seul point de vue l’art ; autrement dit, du seul point de vue de la beauté des formes en leurs subtiles métamorphoses.
Mais qui, du règne organique ou végétal, absorbe l’autre ? Serait-ce le monde sanglant des chairs qui enfin se calment ou bien l’univers endormi des plantes qui tout à coup s’empourprent ?
Une chose est sûre : chacune de ces sculptures semble traversée d’une ambiguïté fondamentale ; d’un frisson ontologique faisant tour à tour de ces créatures hybrides des objets d’angoisse ou d’émerveillement.
Détournant ainsi la céroplastie de ses usages les plus fréquents (empreintes, ex-voto, etc..), Sr Labo nous invite à renouer avec la vieille cosmographie analogique des alchimistes pour qui toute forme visible renvoie toujours à son double symbolique, et réciproquement.
Quoi de plus normal, alors, si je vous dis que la forme ronde et granulée d’un citron peut tout aussi bien devenir, dans les mains de cette artiste féconde, l’ébauche d’une vulve fluorescente… ou bien encore, que sous nos chairs palpitantes, se cachent, en réalité, de petits arbustes de corail. Frédéric-Charles Baitinger
Vernissage
Jeudi 11 juin 2009 Ã 18h30.