ART | EXPO

Alter Ego. Quand les relations deviennent formes…

05 Juil - 21 Sep 2008
Vernissage le 04 Juil 2008

La place du spectateur occupe depuis plusieurs années la réflexion des artistes. Le spectateur comme alter ego devient alors un élément fondateur de leurs créations. Il s’agit ici de comprendre comment l’artiste intègre l’Autre (et les autres) dans son oeuvre ?

Ghyslain Bertholon, Sylvie Blocher, Sophie Calle, Collectif 1.0.3, Bertrand Lacombe et Sophie Dejode et Slimane Raïs
Alter Ego. Quand les relations deviennent formes…

La place du spectateur vis-à-vis de l’oeuvre est une question qui traverse depuis de nombreuses années les recherches contemporaines. Le spectateur est aujourd’hui fréquemment appelé à devenir acteur de l’oeuvre, ou bien son co-auteur et quelquefois la matière même de l’oeuvre.

Que ce soient des oeuvres interactives, participatives ou qui créent des situations relationnelles à vivre en direct, ces oeuvres témoignent du glissement progressif du statut et du rôle du spectateur.

L’artiste intègre donc quelquefois dans son oeuvre, de manière effective, l’Autre (et les autres). C’est ce type d’attitude qui est au coeur de cette exposition.

En l’occurrence l’alter ego de l’artiste devient un élément fondateur de son oeuvre et de son processus de création: à partir d’une situation relationnelle impulsée par l’artiste, ce dernier fait oeuvre.

La place de la matérialisation de l’oeuvre est elle aussi une question récurrente: le concept suffit-il ? Le processus de création peut-il en lui-même être l’oeuvre ?

Et dans ce cadre relationnel entre l’artiste et l’Autre qui est exploré dans cette exposition, comment la concrétisation plastique de l’oeuvre peut elle s’opérer ? (au-delà d’être la simple trace d’une relation ?).

Y-a-il encore utilité à « faire oeuvre », à signifier la relation entre un artiste et autrui grâce à une forme et un médium?

L’exposition Alter ego ne prétend pas traiter de ces questions de manière exhaustive. Elle souhaite simplement en sérier un aspect en interrogeant comment la relation peut « encore » ou « à nouveau » devenir forme.

L’intérêt porté à ces questions peut donc s’analyser au sein du giron autonome de l’Art. Mais l’intérêt réside aussi et peut être essentiellement dans le sens de ces oeuvres « relationnelles »: car l’humain en est éminemment la matière, la découverte de l’autre en est la dynamique, l’exploration de l’échange et de la rencontre en est le principal enjeu.

Un certain humanisme semble traverser ces différentes oeuvres relationnelles. Un humanisme sans concession, sans démagogie ou populisme. L’artiste en l’occurrence n’étant pas neutre: c’est autant son « éthique relationnelle » que son « esthétique relationnelle » qui s’apprécie.

Les six artistes invités ont donc entrepris un certain nombre de rencontres avec ces alter ego, témoins de l’altérité de chacun.

Rencontres en des lieux différents: Ghyslain Bertholon à Taninges mais aussi Entremont et l’espace cathodique, Sylvie Blocher dans le Nord Pas de Calais, Sophie Calle dans son lit à Paris, le Collectif 1.0.3 à Samoens, St Jeoire, Taninges et dans les espaces virtuels, Bertrand Lacombe à Taïpan à Taiwan, Sophie Dejode à Berlin, et Slimane Raïs à Constantine en Algérie, St Etienne de Saint Geoires en Isère et sur les ondes sonores ici ou là.

En conséquence, quand l’artiste nous donne à voir une relation qu’il a créé avec autrui, il nous renvoie bien évidemment à nous même, nous autres spectateurs: nous en devenons inévitablement le « troisième larron », à la fois inclus et exclus dans l’oeuvre. En somme: libres.

Autrement dit…
L’exposition Alter ego aborde plusieurs questions. La somme de ces questions identifie le concept initiant la réunion des artistes invités:
Quelle peut être la place de l’Autre dans la démarche de certains artistes ?
Comment cette approche de l’Autre peut-elle fonder une relation entre l’artiste et son sujet/collaborateur ?
Comment, à partir de cette relation une forme peut-elle en émerger ?
Comment cette forme peut-elle exister au-delà de la seule fonction de restitution d’un processus relationnel ?
Comment cette forme peut-elle advenir à son autonomie en dépassant son sujet ou en le transportant « ailleurs » ?
Comment enfin cette oeuvre fait-elle rentrer l’Autre, cet alter ego, au sein d’une histoire des formes pour ne pas dire de l’Histoire de l’art ?

En amont: la relation, en aval: la forme…
L’exposition réunira donc six artistes dont le point commun est d’ancrer leur processus de travail (de façon plus au moins récurrente) sur une relation avec autrui pour aboutir à une forme plastique. D’horizons artistiques et géographiques différents, ils emploient des médiums différents (installation, photographie, vidéo, art numérique, images, sculptures…). L’exposition présentera des oeuvres principalement créées in situ pour l’exposition.

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