C’est en 1997 que Josef Hofer commence à fréquenter les ateliers de dessin et de peinture organisés par l’historienne d’art Elisabeth Telsnig au sein de l’institution où il réside. Très vite, il y viendra tous les jours et le dessin va devenir son mode de vie quotidien. S’intéressant particulièrement à son travail, Elisabeth Telsnig l’encourage et le fera connaître bien des années plus tard.
On n’ose imaginer, en quatorze ans, combien de dessins réalisés et accumulés. La sélection opérée ici nous montre pourtant un ensemble cohérent comme si Josef Hofer avait travaillé selon un principe de série toutes ces années durant. Sans préjuger de l’intentionnalité de l’artiste, disons plutôt qu’il y a une récurrence dans les motifs de certaines compositions sur laquelle il est mis l’accent ici.
Chaque dessin est organisé selon un même canevas: un cadre fait de lignes tracées à la règle, colorées en rouge, jaune et orange, qui entoure — ou devrait-on dire enserre très étroitement — une figure humaine ou plus rarement un objet du quotidien comme un vêtement ou des lunettes.
Josef Hofer est très appliqué quand il dessine, concentré sur son trait. Si, grâce à la règle, il tire des lignes bien droites et parallèles qui encadrent ses figures, quand il s’agit de dessiner les formes humaines ou les objets à main libre, les formes deviennent moins stables. Souvent un trait ne suffit pas et il repasse plus ou moins à côté, ce qui donne une sensation de bougé et pour certaines zones plus complexes où les traits s’accumulent, d’entortillement ou de déstructuration des membres.
Il figure des hommes et quelques fois des femmes dont il souligne les attributs sexuels, faisant bien souvent des sexes le point central sur lequel le regard se fixe. Le pénis, les lèvres féminines et les tétons semblent à chaque fois le cœur qui anime ces êtres. Même lorsqu’ils sont habillés ou dans une position qui cacherait le sexe, Josef Hofer voit à travers ces couches et dévoile ce qui se cache entre les jambes.
Et ce cadre, ce motif qu’il répète inlassablement autour de ces figures, serait finalement comme une forme de socle et de cadre qui vient montrer la figure, la présenter à notre vue. En même temps qu’un moyen pour l’artiste de se l’approprier, la faire rentrer dans son monde. C’est un cadre rassurant dans lequel il emprisonne — ou protège — ces êtres sortis de son imaginaire, de sa main et de son cerveau.
Posant un regard sur l’art du dessinateur, on ne peut que s’intéresser à la force expressive qui réside dans le trait malhabile et la schématisation des formes. Mais cela ne suffirait pas sans compter sur la densité et l’équilibre de la composition qui donnent à voir une complexité qui reste lisible et dans laquelle la rencontre avec un univers singulier, celui de Josef Hofer, est rendue ici possible.
Aujourd’hui âgé de 66 ans, Josef Hofer est toujours décrit comme un grand enfant qui aime à jouer. Si certains de ses dessins pourraient y faire penser — on pense aux dessins exposés sur le mur de droite en entrant et qui figurent un homme ou des objets flottant sur la page blanche — ceux dont on vient de parler et qui reposent sur ce principe de cadre proliférant jusqu’au bords de la feuille relèvent d’un regard dénué de toute naïveté. On perçoit ici une tension dramatique qui renvoie à une interrogation sur notre condition d’être.
Å’uvres
— Josef Hofer, Sans titre, 2005. Crayon de couleur et graphite sur papier. 29,6 x 42 cm.
— Josef Hofer, Sans titre, 2009. Crayon de couleur et graphite sur papier. 44 x 60 cm.
— Josef Hofer, Sans titre, 2006. Crayon de couleur et graphite sur papier. 42 x 29,6 cm.
— Josef Hofer, Sans titre, 2011. Crayon de couleur et graphite sur papier. 29,6 x 42 cm.
— Josef Hofer, Sans titre, 2011. Crayon de couleur et graphite sur papier. 62,5 x 88 cm.