— Auteurs : Doug Aitken ; préface de Laurence Bossé, Anne Dressen, Hans Ulrich Obrist et Angeline Scherf pour l’édition française
— Éditeurs : Paris musées ; Musée d’art moderne de la Ville de Paris-Arc, Paris
— Année : 2005
— Format : 20 x 33 cm (découpe en forme de profil)
— Illustrations : 128, en couleurs
— Pages : 128
— Langues : anglais avec livret en français (trad. de l’angl. : Christian-Martin Diebold)
— ISBN : 2-87900-880-8 (Paris musées) / 3-905701-11-1 (Jrp/Ringier pour l’édition anglaise sans livret)
— Prix : 40 €
Préface
de Laurence Bossé, Anne Dressen, Hans Ulrich Obrist et Angeline Scherf (extrait, p. 6-7)
Alpha — le livre spécialement conçu par l’artiste, reprenant la première lettre de l’alphabet grec — doit se lire comme le prolongement de l’exposition, sa clé, son principe. Un film a d’abord été tourné avec l’acteur allemand Udo Kier (interprète fascinant de Fassbinder, Morrissey, Von Trier, Wenders, Van Sant, Barron…) dans le seul but d’être lu.
Les images fixes reproduites, extraites des rushes, rappellent le principe de La Jetée de Chris Marker, entre film et roman-photo. Hybride, Alpha ressemble ainsi au story-board d’un film qui a déjà eu lieu mais ne sera jamais monté. Le texte de l’artiste, relevant du roman d’anticipation, relate le parcours d’un homme solitaire qui ne cesse de voyager, de traverser les fuseaux horaires, d’évoluer dans des espaces-temps différents: «Nous sommes en sécurité tant que nous sommes en mouvement […] Il était partout et nulle part à la fois». À la fin du récit, les codes et les schémas semblent interchangeables et le personnage, paralysé, se dédouble, d’où la forme Janus en double profil du livre; sa perception se renverse; il devient le prolongement organique de l’espace qu’il habite, entre confusion et symbiose, rappelant une réplique du breakdancer de Electric Earth «Souvent je danse si vite que je deviens ce qui est autour de moi».
«Les individus dans mes œuvres s’identifient avec le monde qui les entoure». Doug Aitken rend toujours plus sensible la difficulté de survivre dans un monde high tech où les informations se superposent et se télescopent. Mettant en valeur l’entre-image, la synapse, le décalage, il insiste sur la solitude intrinsèque de l’individu, oscillant entre passivité et vitesse, immobilisme et osmose. Impliquant le visiteur, il le met en situation de co-création, l’incitant à un état d’«éveil». À chacun de retenir la version singulière et non-linéaire d’un scénario dont il invente les règles.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris musées — Tous droits réservés)
L’artiste
Doug Aitken est né en 1968 à Redondo Beach (Californie), États-Unis. Il vit et travaille en Californie.