Sandra Aubry et Sébastien Bourg, Lily Hibberd, Petra Koehle et Nicolas Vermot Petit Outhenin, François Mazabraud, Stéfane Perraud, Agnès Thurnauer
Alors, ils se mirent à parler du temps
Souvent évoqué comme un prétexte pour combler une lacune ou entamer une conversation, ici, il s’agit de parler du temps qui passe, qui n’est plus, qui sera. Pour cette exposition, la galerie a invité, pour la première fois, les six artistes qu’elle représente à travailler sur cette réflexion. Un parcours où le temps s’arrête ou s’étire indéfiniment pour révéler notre histoire, notre mémoire mais aussi nos mythes. Un temps non linéaire et moqueur pour mieux tromper notre vie quotidienne.
Agnès Thurnauer
Now, deux prédelles monumentales d’Agnès Thurnauer nous accueillent et nous renvoient frontalement à l’instantanéité d’un moment fugace, ciel fixé sur la toile, comme un cliché photographique. Pour Agnès Thurnauer, la question du temps est considérée comme ingrédient de sa peinture, constitutif de celle-ci, et le ciel, sujet impossible à saisir par excellence, une métaphore de cet instant qu’il s’agit de suspendre. Ici, seul l’artifice de la peinture et la spatialité de la représentation permettent de capter l’instant qui passe et de le présenter comme éternellement présent à celui qui se poste devant.
Sandra Aubry et Sébastien Bourg
Sandra Aubry et Sébastien Bourg immobilisent eux le souvenir à travers une injonction teintée d’autoautoritarisme: «je ne me rappellerai pas» phrase en relief sur des supports variés tels que la cire d’abeille, le plâtre, le ciment ou la paraffine. Grâce au langage, le duo s’impose l’oubli (volontaire, souhaité, contraint?), semblant répéter les mots pour oublier les choses.
Petra Koehle et Nicolas Vermot Petit Outhenin
En contrepoint, les suisses Petra Koehle et Nicolas Vermot Petit Outhenin, cherchent à faire ressurgir la mémoire en développant une photographie datée des années 40 de Rosmarie Nohr, photographe allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les artistes mélangent les époques et les techniques pour appréhender le passé et créer une compréhension différenciée de notre rôle dans le présent.
Lily Hibberd
L’évasion, et le retour aux origines de l’histoire et de ses légendes, Lily Hibberd s’en inspire pour créer une série de toiles photo-luminescentes. Après un séjour de trois mois dans le bush australien, et ses rencontres avec les populations aborigènes les plus reculées, Lily se réapproprie le mythe du feu, symbole de création et de destruction, et son application pratique contemporaine dans le renouvellement de la flore du désert. Chaque toile devient alors le fil narratif de l’histoire d’un brasier qui décline lentement mais qui s’auto régénère à la lumière naturelle et électrique.
François Mazabraud
François Mazabraud s’attaque lui à nos mythologies modernes avec son papier peint d’images en téléchargement, reflet de l’attente, de la patience. Pour cette exposition, ses motifs servent de support aux pièces des autres artistes, toutes à dominante blanche, comblant ainsi le vide du temps de la recherche.
Stéfane Perraud
Enfin, en véritable alchimiste, Stéfane Perraud mêle art, science et iconographie religieuse avec sa pièce La règle de 3. À partir de la figure du christ en croix, il explore l’origine de notre histoire occidentale et retranscrit une restauration contemporaine d’une des images les plus reproduites dans l’histoire de l’art. L’utilisation de trois ors (bleu, rose, jaune), référence à la trinité d’Yves Klein, donne une consistance inaltérable et une symbolique atemporelle à ces sculptures. Comme si, finalement, il n’y avait pas de fin.