Anish Kapoor
Almost Nothing
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Kamel Mennour, Anish Kapoor présente un ensemble d’œuvres autour de l’idée du vide et de l’immatérialité, concepts récurrents depuis le milieu des années 1980. À la suite des Pigment Pieces qui l’ont rendu célèbre, l’artiste entreprit de creuser la pierre afin d’en tapisser l’intérieur de pigment sombre. Il s’aperçut bien vite que ce vide n’était pas vide, et qu’il ouvrait sur une obscurité insondable, pleine de la terreur que chacun pourrait y projeter.
Les sculptures réunies dans cette exposition abordent chacune une facette spécifique de l’œuvre d’Anish Kapoor, lequel fait appel à des techniques et des matériaux très divers: on y croisera des œuvres en résine, en acier miroir, en pigments ou encore en fibre de verre.
Certaines ont une réelle dimension historique, en raison de la rupture qu’elles ont marquée dans la carrière de l’artiste. C’est le cas par exemple de The Healing of St Thomas, présentée à Venise en 1990, alors qu’Anish Kapoor représente la Grande-Bretagne. Il s’agit de la première œuvre de l’artiste intégrant véritablement l’architecture. Elle consiste en une incision dans le mur, plaie dont l’intérieur a été tapissé de pigment rouge. Elle constitue une référence au thème catholique de l’incrédulité de Saint Thomas, la béance dans le corps du Christ devenant ici une blessure dans la peau du bâtiment.
Sister (2005) se présente sous la forme d’une douce et discrète dépression creusée dans le mur, comme si ce dernier respirait. Évoquant une sorte d’umbilicus mundi, de nombril, elle est issue d’une série d’œuvres de tonalité blanche inspirées par le site d’Uluru en Australie, formes gravides qui, en raison de leur quasi-invisibilité, nécessitent le déplacement du spectateur pour être perçues. L’artiste réalise des miroirs concaves et convexes depuis le milieu des années 1990. La surface de Untitled (2011) paraît au premier abord vide, mais elle est pleine de toutes les possibilités d’un monde qu’elle avale et retourne. Ce regard renversé constitue ce que l’artiste nomme le «sublime moderne».
Né en 1954 à Bombay, Anish Kapoor est installé à Londres depuis le début des années 1970. Son travail a rapidement gagné une considération internationale célébrée par de nombreux prix dont le fameux Turner Prize qu’il remporta en 1991. Sa démarche fit depuis l’objet de nombreuses expositions personnelles dans les musées les plus prestigieux du monde dont le Guggenheim, le Louvre, la Royal Academy, la Tate Modern, etc. Il lui a été récemment commandé de concevoir le signal marquant les prochains Jeux Olympiques à Londres, une sculpture de 116 mètres de haut intitulée Orbit.
Vernissage
Jeudi 12 mai
critique
Almost Nothing