Patrick Nardin
Aller-retour
Avec l’exposition Aller-retour, Patrick Nardin explore les notions de récit et de durée par le biais de peintures et de vidéos.
La plupart du temps projetés sur écran, les films de l’artiste laissent parfaitement voir la succession des images qui produisent l’illusion du mouvement.
En effet, l’artiste utilise moins de 24 images par seconde ce qui permet à l’oeil du spectateur de percevoir les saccades dans le déroulement de la scène, dues aux passages trop brusque d’une image à un autre.
C’est ce qui fait le charme particulier du film d’animation: faire voir les vides qui nécessairement trouent la reconstitution technique du mouvement.
Alors que le cinéma restitue la plénitude d’une continuité sans heurt, le film d’animation met en doute ce balayage sans rupture que serait la vision que le spectateur aurait, en observant de ses yeux ce qui se passe autour de lui.
D’où le titre donné à son oeuvre Balayages qui a été réalisé à partir de séquences de films américains, retravaillées et ralenties.
Dans cette vidéo, les phares des voitures de police que Patrick Nardin fait tourner dans la nuit sont une belle métaphore de la vision, ou autrement dit, de ce que l’oeil de l’homme perçoit et sélectionne.
Le cône ouvert qui, par la porte de la pupille, reçoit la réflexion des objets, sélectionne ce qu’il veut voir en modifiant constamment sa propre forme, en passant par exemple du proche au lointain.
Les «blancs » dans la succession des images d’une course effrénée de voiture pourraient correspondre à cette énergie continue et invisible qu’est le temps.
Cette énergie qui relève d’une dimension que le regard ne peut saisir et qui est la pure énergie vivante des êtres.
Celle là même que les peintures de Patrick Nardin ont l’ambition de faire ressentir au spectateur.