L’exposition « Aller et retour dans la chambre blanche » rassemble à la Maison d’Art Bernard Anthonioz de Nogent-sur-Marne plus de cinquante photographies de Denis Roche autour de la notion de déplacement, fondamentale dans l’œuvre du photographe et écrivain.
La notion de déplacement traverse la photographie de Denis Roche
Une cinquantaine de clichés sont issus du livre La disparition des Lucioles, qui a été publié en 1982 et se trouve réédité cette année. Commentés à la main par Denis Roche, ils n’ont pour certains jamais été exposés. Ils côtoient d’autres photographies plus ou moins célèbres mais qui s’inscrivent également dans une exploration du déplacement.
Le titre de l’exposition, « Aller et retour dans la chambre blanche », est porteur d’un sens multiple. Il introduit la notion de déplacement et de va-et-vient ainsi que le thème de l’intimité qui traversent les photographies de Denis Roche, il suggère, en faisant référence à l’ouvrage La chambre claire. Note sur la photographie de Roland Barthes, un questionnement sur la nature de la pratique photographique et enfin, il évoque par l’image du balancement entre deux points, celui qu’opérait Denis Roche entre la photographie et l’écriture.
Aller et retour entre la photographie et le texte, entre l’ici et l’ailleurs…
Le parcours, à l’image de son sujet, prend la forme d’une narration discontinue, interrompue par des ellipses. Les œuvres qui se succèdent opèrent des sauts dans le temps et dans l’espace et prennent à la fois la forme de photographies et de textes (les légendes des photos, des commentaires extraits de l’ouvrage La disparition des Lucioles ainsi que d’autres fragments d’écrits de Denis Roche).
Au fil des photographies, le déplacement est mis en œuvre de diverses manières. Il s’affirme de prime abord comme un déplacement physique du photographe entre un ici et un ailleurs, c’est-à -dire entre l’endroit où il se trouve lorsqu’il prend le cliché et celui où il n’est pas ou plus. Ainsi dans la photographie 17 juillet 1977. Fiesole, Italie, Denis Roche donne à voir une scène de repos : un homme se tient debout sur le seuil d’une porte-fenêtre et une femme est assise sur la terrasse qui la borde. Aucun des deux ne regardent l’objectif. Le photographe semble parfaitement étranger à cette scène dont on devine pourtant qu’il vient juste de la quitter.
La photographie 27 mars 1981. Denderah, Egypte est elle aussi très éloquente : elle capte la marche d’un homme dont on ne voit que les jambes vers une femme assise de face, réglant l’appareil photo posé sur ses genou. Ce cliché introduit un autre type de déplacement : celui de l’appareil photographique lui-même. Présent dans de nombreuses photographies (comme celle intitulée 1er juin 1979. Le Skeul, Belle-Ile. Hommage à Wittgenstein où un appareil sur trépied constitue le premier plan d’un paysage de nature), parfois manipulé et détourné de son utilisation habituelle, il incarne à la fois la personne du photographe et une interrogation autour de la pratique photographique.