L’exposition « Alle Schläge sind erlaubt » réunit à la galerie Almine Rech, à Paris, des œuvres de l’artiste contemporain allemand Gregor Hildebrandt. Des sculptures et tableaux caractérisés par l’utilisation de cassettes audio et de disques vinyles, suivant la pratique habituelle de Gregor Hildebrandt.
Des sculptures et tableaux faits de cassettes et de disques
Le titre de l’exposition se traduit par « Tous les coups sont permis » et fait allusion au jeu d’échecs. Il exprime l’idée que la plupart des règles de pratiques aussi codifiées que la guerre ou les échecs comportent en leur sein la possibilité de faire ce que l’on veut et que ces règles permissives sont nécessaires aux futurs développements.
L’exposition de Gregor Hildebrandt est une transposition à travers l’art de ce principe universel : toute nouvelle étape découle de celle qui l’a précédée, sans que l’on puisse prévoir à l’avance son résultat. Les œuvres s’inscrivent dans le travail que l’artiste poursuit depuis plusieurs années, autour de supports de stockage d’œuvres culturelles sonores et visuelles comme les bandes de cassettes audio ou vidéo et les disques vinyles. A partir de ces œuvres d’art en naissent de nouvelles, selon un processus à l’issue incertaine. La réutilisation et le détournement de ces objets connus faussent d’emblée les repères du visiteur.
Un parcours labyrinthique où les œuvres recèlent une dimension cachée
La pratique artistique de Gregor Hildebrandt fait naître un monde complexe aux facettes innombrables. Les œuvres sont à la fois des réalisations finies et des entités ouvertes sur leur fonction et contenu antérieurs. La cassette et le disque, en tant que support de stockage d’œuvres artistiques, augmentent les œuvres dans lesquelles ils sont utilisés d’une dimension cachée. Le parcours labyrinthique est délimité par des sculptures faites de disques vinyles déformés. Des colonnes de disques intitulées Schallplattensäulenwand constituent des murs ajourés tandis que des disques en forme de bols empilés constituent des Schallmauer (murs du son) opaques.
L’œuvre qui donne son titre à l’exposition, Alle Schläge sind erlaubt réalisée en 2016, est un tableau. A l’aide de ruban adhésif, Gregor Hildebrandt a fait apparaître sur une surface enduite de peinture acrylique blanche des motifs de plumes de paon à partir de poussière. Inspirée par les tentures décoratives de la « chambre du capitaine » de l’historique hôtel new-yorkais The Jane, qui abrita notamment des survivants du Titanic, l’œuvre à l’aspect presque effacé, telle une apparition de fantôme, dégage une sensation de mélancolie.
La sculpture monumentale Hirnholzparkett a été spécialement conçue pour la galerie et reprend la configuration architecturale de l’exposition. Des bandes de cassettes audio enroulées autour de bobines ont ensuite été taillées en morceaux rectangulaires eux-mêmes ensuite coulés dans de la résine. Les blocs ainsi créés ont été utilisés pour former un sol en mosaïque rappelant les étangs ornant les jardins japonais. Semblables aux nénuphars qui s’y trouvent, les faces des blocs révèlent les tranches des bandes de cassettes audio, enroulés comme des sillons de disques ou des cernes d’arbres. Leur régularité est brisée par la découpe des blocs. On retrouve la notion de sinuosité qui dans les jardins japonais reflète celle de la vie, dont le tracé est rarement droit ou prévisible.