Communiqué de presse
Sylvain Polony
All over… The wall !
Poursuivant son utilisation des infinies possibilités formelles qu’offre abstraction, l’artiste concentre son propos sur un questionnement : celui des limites physiques de l’oeuvre peinte. Les plaques d’aluminium couvertes de peinture industrielle, typiques de son travail, ne sont plus comprises comme des tableaux, mais comme les composantes d’une installation, créant des tensions, agissant les unes sur les autres dans un jeu d’assemblages et d’associations.
Alors que nous sommes assaillis d’images virtuelles, cette exposition rappelle que la peinture est matière, volume, présence physique. L’affirmation de cette réalité par la mise en évidence des profilés et des châssis métalliques apparents, permet de comprendre le tableau comme un «objet», sans pour autant détourner l’oeil de la surface peinte…
Paradoxalement, si pour ce faire les moyens picturaux sont de plus en plus simples, voir minimalistes (des matières-surfaces de peintures sans motifs ou compositions évidentes – c’est la partition des panneaux qui crée la composition), la peinture n’en est que plus affirmée.
Elle envahit même l’espace et s’affirme à l’état brut : a savoir de la couleur étalée sur un support. Le lien avec l’espace est d’autant plus fort que les assemblages de pièces permettent de sortir du cadre du tableau pour «déborder» sur les murs, occuper la cimaise en créant des dynamiques spatiales.
En utilisant autant le vide entre les pièces que les pièces elles-mêmes, (ainsi que leur volume), l’artiste poursuit un dialogue avec des disciplines telles que le design, l’architecture, et abolit la différence entre accrochage et installation.
Ces aspects, déjà présents dans la production antérieure de Sylvain Polony, sont ici pleinement exploités au profit d’un tableau « objet », voir « objectif » dans l’affirmation de sa matérialité. Le tableau « objet », objet de la peinture, exhibe donc sa volumétrie, sa réalité, sa profondeur…
Au sein d’une même pièce, d’un même « tableau », les surfaces peintes se présentent parfois sur différents plans, créant des effets de relief appuyant les matières même de la peinture.
Cette problématique de l’objet peint, accroché au mur, n’est pas sans rappeler le minimalisme américain de Donald Judd, voir certains aspects de Support-Surface, même si le sujet de cette exposition est bien plus l’assemblage – accrochage des pièces présentées qu’une réflexion sur le support en lui-même.
Poursuivant avec rigueur une démarche picturale assumée, Sylvain Polony nous donne a voir, à rêver, à penser, et affirme ainsi ce qu’est le regard d’un artiste : une attitude, un point de vue, une manière d’occuper l’espace…
En somme : un engagement. Comment accrocher, assembler, occuper la cimaise, comment re-définir les limites du tableau ? Ce sont là quelques unes des questions que pose la nouvelle exposition de Sylvain Polony présentée par la galerie Defrost.
Vernissage
Jeudi 9 avril 2009. 18h-21h.