Alison O’Daniel
All component Parts (Listeners)
À l’origine de ce travail, un fait divers. Celui qui, au cours des quatre dernières années, voit des lycées de Los Angeles faire l’objet d’une étrange série de vols, puisque ce sont des tubas qui sont dérobés. Les fanfares traditionnelles des établissements scolaires se retrouvent privées de l’instrument le plus grave de leurs cuivres.
Alison 0’Daniel, née en 1979 à Miami, fait le parallèle entre ce fait divers et son expérience auditive. Tout comme l’absence de tubas ampute la fanfare de son registre le plus bas, son oreille tronque certaines tonalités. En conséquence, son univers sonore, à mi-chemin entre surdité et audition, devient une hypothèse de travail permettant de représenter cet état intermédiaire entre son et silence. Alison O’Daniel se lance alors dans l’entreprise d’en faire un film dont huit des séquences sont présentées dans l’installation de Brest.
Le film ne vise pas à spéculer sur les voleurs ni à faire entendre le son d’un tuba. Il s’interroge plutôt sur les traits de caractère de chacun et sur sa perception de la méditation. Il questionne également le désir et la perte, le rapport à son environnement, aux voyages, la façon de faire de la musique, le passé – tout cela en relation avec son histoire personnelle. Se tissent alors des liens poétiques entre matière, temps, calme et écoute.
L’approche d’Alison O’Daniel inverse le processus cinématographique classique en commençant par la commande de partitions musicales à trois compositeurs, Christine Kim Sun, Steve Roden et Ethan Frederick Greene, dont les travaux expérimentent les limites du son. Alors que la première est sourde et les deux autres bien-entendants, l’artiste instaure une relation d’échange avec eux, en procédant comme sur le mode du cadavre exquis, c’est-à -dire en leur proposant de travailler à partir d’une gamme de matériaux de son choix. Ainsi, des poèmes, des coupures de journaux traitant des vols, des images, etc., leur servent de «partition» pour leur partition.
Puis, à leur tour, les œuvres musicales inspirent la production de l’artiste. Au fur et à mesure que le projet évolue, chaque élément influence les autres. Le son du film en devient sculptural, visuel voire tactile, engendrant une compréhension physique de la sphère auditive. Pareillement, le son revêt une dimension physique dans les sculptures qu’Alison O’Daniel considère comme des légendes accompagnant la musique, à travers la matière, la couleur et la forme.
Toujours dans l’évocation de la musique et du son, l’exposition All Component Parts (Listeners) («Tous les morceaux (auditeurs)) invite le spectateur à s’inventer musicien et à jouer une partition visuelle avec les Å“uvres. Autrement dit, il s’agit de donner à chacun la possibilité d’imaginer d’autres expériences propices à la compréhension du récit filmé, ceci à travers la sculpture, et vice versa.
Vernissage
Le samedi 26 septembre