Le Nederlands Dans Theater (NDT) est actuellement à Paris, avec sa conception vitaminée du ballet contemporain. Pour Chaillot – Théâtre National de la Danse, c’est un programme en trois opus qu’interpréteront les danseurs du NDT 2 — compagnie bis du Nederlands Dans Theater. Avec León & Lightfoot / Ekman / Goecke, occasion est donnée de faire le plein de danse néerlandaise, au fil de trois pièces composées et portées par quatre chorégraphes contemporains. À savoir le couple hispano-britannique Sol León et Paul Lightfoot : la colonne vertébrale du NDT (1 et 2) puisqu’ils en sont les directeurs artistiques depuis 2011-2012. Mais aussi Marco Goecke, chorégraphe allemand né en 1988 et associé au NDT depuis 2013. Et Alexander Ekman, l’un des enfants terriblement chéris de la scène internationale, avec ses pièces ludiques et élégantes — à l’instar de Play (2018). Cultivant des approches aussi exigeantes qu’accessibles, les quatre chorégraphes éclabousseront Chaillot de leur beauté chorégraphique.
León & Lightfoot / Ekman / Goecke : le Nederlands Dans Theater (NDT 2) à Chaillot
Chorégraphe suédois (né en 1984), Alexander Ekman présentera ainsi Fit (2018). Un ballet écrit pour dix-huit danseurs du NDT 2. La trame est simple : quand un.e artiste compose une Å“uvre, il ou elle se laisse guider par une tendance à l’harmonie. Tel et tel éléments sont alors juxtaposés car allant bien ensemble. Telle lumière fonctionne bien avec telle jupe, telle pièce avec tel public, tel mouvement avec telle musique… Mais quid du décalage ? Qu’est-ce qui émerge lorsque les pièces du puzzle ne s’emboîtent pas ? Est-ce que le puzzle reste épars, ou l’inadéquation génère-t-elle au contraire un réajustement ? Avec Fit, mot-valise (anglais et allemand) désignant cette idée de parfaite correspondance, Alexander Ekman explore la fécondité des décalages. Autre pièce sensible, Wir sagen uns Dunkles (2017) du chorégraphe Marco Goecke. Là encore, un ballet composé pour, et interprété par, onze danseurs du NDT 2.
Sol León et Paul Lightfoot, Alexander Ekman, Marco Goecke : trois ballets contemporains
Ballet se déployant sur des musiques de Franz Schubert et Alfred Schnittke, Wir sagen uns Dunkles cultive une saccade névrotique, où le geste se fait précis et nerveux. Danse électrique, à fleur de peau, ce ballet de Marco Goecke méduse par son langage, aussi rigoureux que déjanté. Son titre, Wir sagen uns Dunkles [« Nous nous disons des choses sombres »], est une citation de Paul Celan, évoquant son amour pour Ingeborg Bachmann, dans Pavot et Mémoire (1952). Quant à Sol León et Paul Lightfoot, ils reprendront leur pièce Signing Off (2003). Chorégraphes depuis déjà une quinzaine d’année (1989), en 2003 ils décident de prendre une année sabbatique. Une coupure qu’ils préparent par la création de cette pièce charnière. Peut-être un clin d’œil puisque fin 2018, Paul Lightfoot a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de directeur artistique à l’issue de la saison 2019/2020, consacrée au soixantième anniversaire du NDT.
Raison de plus de profiter de leur présence à Paris.