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Albert Oehlen

Une sorte d’« Easy painting », où chaque tableau semble être conçu — et vu — selon une libre association d’idées. Une accumulation confuse de sujets aux couleurs lumineuses qui semblent tout droit sortis d’une tête bouillonnante, mais que tout un chacun peut s’approprier pour y voir ce qu’il veut.

— Éditeurs : Musée d’art moderne et contemporain, Strasbourg / Paris-Musée, Paris
— Année : 2002
— Format : 21 x 25 cm
— Illustrations : 10 en couleurs, 3 en noir et blanc
— Pages : 48
— Langue : français
— ISBN : 2-87900-754-2
— Prix : 24 €

La nature a horreur du vide
par Fabrice Hergott (extrait, p. 2)

Albert Oehlen est peintre c’est-à-dire préoccupé par la représentation en deux dimensions depuis plus de vingt ans. Il apparaît aujourd’hui comme un des artistes majeurs de la scène contemporaine allemande et par conséquent, européenne. Oelhen appartient à cette génération du début des années 1950 qui succède aux « dinosaures » de la peinture comme Polke, Richter, Baselitz ou Lupertz, tous quatre nés vers 1940. Oelhen se situe sur le même terrain qu’eux, ce qui est en soi un acte de courage artistique dans la mesure où ces artistes ont fait pour la peinture en Allemagne ce que Picasso avait à peu près fait en France dans les années 1950 : le vide.

Mais on sait qu’en art, le vide n’est jamais sûr et qu’il existe souvent un artiste pour démentir l’existence de ses impasses. Albert Oehlen a ainsi développé une réponse alternative à ces artistes apparus avec les années 1960. Polke, Baselitz et les autres ont cherché à reconstituer un art, et avec lui une histoire de l’art. Avec des stratégies parfois antagonistes, ils ont voulu renouer avec une chronologie qui avait été brisée par l’acculturation nazie. Albert Oehlen et ses amis ont donc adopté un parcours qui leur a permis de se tenir en marge de cette histoire de l’art dans laquelle se sont pourtant affirmés ses prédécesseurs avec plus ou moins d’ironie, de mélancolie, de talent ou d’interrogations. Ils ont choisi de ne pas chercher à s’y inscrire, prenant le parti d’une peinture « bâclée » donnée d’emblée sans avenir. Albert Oehlen a choisi de peindre des espaces absurdes, vides et improbables, plats ou profonds (avec perspectives) comme si chaque tableau avait été pour lui l’occasion de peindre le premier espace venu. Il a construit ainsi une œuvre qui ressemble à l’expérimentation de toutes les profondeurs de champs possibles. Toutes étant curieusement aussi irréalistes les unes que les autres. Il a élaboré une forme en soi, une sorte de peinture pour elle-même, faite hors de l’histoire, de la chronologie et d’une certaine manière, hors de toute volonté de rester dans le champ de l’art, sinon autrement que par une pratique aux apparences convenues : la peinture. Le résultat a nettement contribué à la mise en scène du désastre des certitudes que fut l’art en Allemagne dans les années 1980 et 1990.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris-Musée)

L’artiste
Albert Oehlen est né en 1954 à Krefeld, Allemagne. Parallèlement à son activité de peintre, il s’est beaucoup impliqué dans la scène musicale bruitiste et d’improvisation, en tant que musicien et producteur.

Les auteurs
Fabrice Hergott est directeur des musées de Strasbourg.
Patrick Javault est commissaire de l’exposition « Albert Oehlen » au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (18 oct. 2002-2 fév. 2003).

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