En quoi cette exposition sur l’Inde est-elle différente?
Alain Seban. C’est un projet complètement inédit. Il y a eu des expositions consacrées à la scène indienne contemporaine, en France et à l’étranger. Mais pour prendre pleinement la mesure du phénomène de la mondialisation artistique, il fallait imaginer quelque chose de nouveau. C’est pourquoi, j’ai lancé en 2007 le projet d’une grande exposition faisant dialoguer la scène indienne contemporaine avec la scène française contemporaine.
Avec la mondialisation, on assiste à une multiplication des foyers de création mais aussi à la possibilité d’un véritable dialogue des cultures. Contribuer à nourrir ce dialogue, créer des échanges à travers un projet original associant artistes indiens et français, c’est un objectif exaltant!
Cette exposition s’inscrit-elle dans la série des «Paris-…»?
Alain Seban. En imaginant ce projet, je pensais à la série emblématique des «Paris… »: «Paris-New York» en 1977, «Paris-Berlin» en 1978 ou encore «Paris-Moscou» en 1979. Initiées par Pontus Hulten afin de «situer Paris dans le flux des échanges», ces expositions interrogeaient sur le mode rétrospectif les relations entre Paris, capitale mondiale de l’art jusqu’aux années 1950, et les autres foyers de création du XXè siècle qui étaient tous occidentaux.
L’ambition de situer la scène française dans le flux des échanges reste valide au XXIè siècle, mais elle doit prendre en compte le phénomène de la mondialisation artistique et l’affirmation des «scènes émergentes», le développement de la création contemporaine en dehors de l’Occident, que le Centre Pompidou avait été le premier à annoncer en 1989 avec l’exposition légendaire de Jean-Hubert Martin «Les Magiciens de la Terre».
Et bien entendu, on ne peut le faire que sur un mode prospectif, en contribuant à nourrir un dialogue qui reste à inventer. Et pour cela, rien de tel que de faire appel aux artistes eux-mêmes. C’est avec eux et dans cet esprit que nous avons imaginé «Paris-Delhi-Bombay…», une exposition expérimentale, nourrie par de nombreuses
commandes, dans un rapport étroit avec les artistes.
Ce projet représente-t-il un nouvel axe pour le Centre Pompidou?
Alain Seban. Cette exposition illustre notre volonté de construire un musée global, et, pour cela, la nécessité de travailler en réseau. Et, d’autre part, nous articulons notre engagement au soutien de la scène française avec cette vision globale, car pour penser globalement, il faut agir localement.
L’objectif de promotion de la scène française est, à mes yeux, indissociable de l’objectif mondial. Il s’agit aussi d’une exposition de société, qui renoue avec l’un des autres fondamentaux du Centre Pompidou: une manière de «mettre en relation la société et la création».
Enfin, c’est le fruit d’un processus de quatre ans de travail et de recherches dont l’exposition est le point d’orgue. Un point d’arrivée et un point de départ à la fois car cette exposition inaugure une relation pérenne entre les artistes impliqués.
Et pourquoi pas, à l’avenir, imaginer de renouveler cette expérience avec d’autres scènes artistiques?
Lire sur paris-art.com:
— L’annonce de l’exposition