Communiqué de presse
Alain Bernardini
Air(e) de retard
Un homme au premier plan, costume et cravate, les mains dans les poches, regarde au lointain. Un deuxième homme le fixe. Il porte un panneau autoroutier où est inscrit « Air(e) de retard ». En bordure d’une voie express, les deux hommes par leur position respective dans le paysage ouvrent un espace lieu et temps que l’artiste dénomme « Air(e) de retard ».
Cette image s’inscrit dans le projet d’Alain Bernardini et résulte d’une résidence, commande d’Entre-deux à l’artiste. Le prétexte en est l’hypermobilité des salariés entre leur domicile et leur lieu de travail dans le bassin industriel de l’estuaire de la Loire.
Alain Bernardini est le troisième artiste invité après Anne Frémy qui réalise « Specio » en 2009 et Chimène Denneulin « Commuter » en 2008. Alain Bernardini a créé un espace qui n’existait pas: une aire de retard mobile.
Il suffit de choisir un emplacement et de le nommer grâce à un marquage visuel. Les automobilistes sont invités à y prendre du retard sur le temps de leur trajet domicile/lieu de travail en toute conscience et tranquillité relative.
Cette proposition arrive dans un contexte tendu où les employeurs sont dans une pression par rapport à la question de la ponctualité au travail. Ici l’automobiliste qui se rend au travail résiste à un système établi et culpabilisant qui le fond dans une identité sociale.
Quelques automobilistes sollicités par l’artiste ont pris de l’avance afin de s’accorder une air(e) de retard pour une rencontre avec l’artiste. Pendant cet espace temps, Alain Bernardini a proposé films à visionner, discussions, etc. et il a signé des certificats de retard aux participants.
La restitution de cette expérience se déroulera à la base d’Appui, galerie d’Entre-deux à Nantes.
Photographies et films d’automobilistes sur les aires de retard, d’espaces indéterminés qui suggèrent un arrêt où garer sa voiture, de bureaux désertés, composent l’ensemble des photographies réalisés par l’artiste dans le cadre de cette résidence.
Cette proposition d’Alain Bernardini offre une continuité à sa réflexion engagée sur le temps de pause et pose du salarié sur son lieu de travail.
Ici, Alain Bernardini invente un espace en dehors de l’entreprise où le salarié maintient une identité individuelle à travers un acte de résistance.