ART | EXPO

Air above mountains

17 Jan - 11 Mar 2006
Vernissage le 14 Jan 2006

Keegan McHargue envisage l’art comme un moyen de rendre compte des réalités du monde contemporain et comme un repère temporel au coeur de ses turpitudes. Une autre façon d’informer.

Keegan McHargue
Air above mountains

«Je pense qu’aujourd’hui nous sommes confrontés de façon quotidienne à l’héritage des générations, et peut importe qu’il soit bon ou mauvais, il est important de le connaître ainsi que les différentes combinaisons qui en découlent. Dans une époque où les échanges d’informations se sont considérablement accélérés, j’ai le sentiment que nous faisons l’expérience d’une dualité, créant de plus en plus d’informations nouvelles d’un côté, et de l’autre recyclant les informations existantes de plus en plus rapidement.

Je ressens cela comme quelque chose d’à la fois libérateur et angoissant. J’ai l’impression que nous sommes en chemin vers un homme nouveau, et une nouvelle forme de culture globale, et que cela va nous conduire à redéfinir ce qu’est précisément une culture. Le monde est éclairé sous un jour différent par ces nouvelles combinaisons d’informations.
Comme artiste, cela représente une forme de délivrance, une permission pour combiner une chose et une autre et voir ce qui se passe à travers cette association: c’est comme une sorte de parodie de la façon dont la société est en prise avec le changement. Les lignes qui nous permettaient de différencier A de B se sont à la fois affirmées et atténuées, rejointes et distancées l’une de l’autre, ne laissant finalement qu’un cadre au sein duquel il est possible d’opérer, un cadre dépourvu de toute codification stricte séparant la «réalité» des faits et une pseudo -ou non-réalité dans laquelle il semble que nous vivons.

A travers «Air Above Mountains» (intitulé en hommage au jazzman Cecil Taylor), je souhaite reproduire le labyrinthe d’informations que j’évoque ici. Je cherche à construire des reproductions personnelles à partir d’une grande variété de thèmes culturels et de souvenirs, et les faire se répandre. En bref, je cherche à utiliser l’activité qui consiste à faire de l’art, comme un catalyseur de plus en plus de questions touchant à des thèmes particuliers, et qui à mesure que le travail s’est construit, sont devenues saillantes, omniprésentes, inévitables, un peu à la manière de l’œil vigilant d’un sage: tout ce qui est nouveau n’est en fait que le produit de l’ancien.
L’Histoire n’est en fait qu’un «mixer» qui mélange tous les éléments ensemble, et qui tourne de plus en plus rapidement, attrapant tous les aspects de la vie humaine, les désirs comme les obstacles, mais qui réussit quand même à séparer les dogmes des doctrines, passés où à venir.
Pour les artistes, il s’agit d’une époque où nous devons documenter honnêtement ce qui nous entoure. Dans mon cas, mon travail est la carte qui me permet de naviguer dans cet océan d’informations, le manuel qui m’aide à défaire les nœuds de la religion, de la guerre, du régime contemporain, et de la collision entre le passé et le futur sur le terrain de l’incertitude. C’est là la responsabilité de l’artiste dans le monde contemporain.

Keegan McHargue

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