Communiqué de presse
Frédéric Coché
Agneau, je suis tombé dans le lait
Frédéric Coché participe du 2 octobre au 31 décembre 2008 au Musée de Picardie et à L’Esad d’Amiens à l’exposition « Des certitudes sans doute (s), une collection privée d’art contemporain »
C’est en lisant « La nuit des agneaux de Philippe Jaccottet que j’ai croisé cette phrase : « Agneau, je suis tombé dans le lait ».
Une courte et énigmatique phrase que l’on a trouvée sur plusieurs lamelles orphiques, jamais définitivement interprétée. Ces plaquettes de bronze découvertes dans les tombes, étaient-elles des aides mémoire ?
Par cette formule, le mort rappellerait-il son origine divine (l’agneau sacrifié évoque à la fois le Christ et Dionysos) pour accéder à la vie éternelle ?
Cette invocation mystérique a un étrange pouvoir de fascination : elle fonctionne tout en douceur sur un entre-deux. La naissance, la pureté, mais aussi la chute dans un liquide, incident fatal.
Mais le liquide où l’on chute n’est pas l’eau noire du Styx, c’est le blanc lait, nourriture des innocents.
Je présente dans cette exposition une gravure où Caton guide une âme sur le Styx ; Il est entre les deux rives, chacune encombrée de spectrums de l’histoire de l’art, qui empêchent une partition claire entre enfer et paradis : les scènes d’horreurs et de concorde se côtoient de part et d’autre : que ce soit à travers Le « printemps de Botticelli » ou celui de Goya (« Tres de Mayo ») ?
Les fusillés de Goya sont-ils du côté de la perversité sadique ou exaltent-ils la compassion du spectateur ? « Le printemps » de Botticelli est-il tentateur lubrique ou noble évocateur de sagesse ?
Comment séparer la jouissance et la souffrance du faire (pour le peintre qui choisit et réalise une image) entre deux rives, tout comme celles du voir (pour le spectateur) dans cette partition enfer/paradis ?
Et dans cette ambiguïté de l’alternance des images, je présente également une série de peintures à l’huile, de petits formats, qui a pour titre « différentes constellations familiales ».
De la copie studieuse à l’évocation quasi abstraite, les images puisent dans trois registres rassemblés en vrac : l’histoire de l’art, l’histoire (celle du XXe siècle, où le support est devenu la photo), et enfin l’histoire universelle et individuelle, celle de la photo de famille.
Histoire qui à la fois englobe, nie et qui pourtant est mère de toute notion d’histoire : presque hors du temps : l’histoire de famille. Celle qui constitue chaque individu dans son rapport au temps, au corpus social. L’histoire de l’enfant et de ses parents. Dans chaque image se joue et se dessine l’espace et le contraste nécessaire pour l’existence des protagonistes.
Les images oscillent entre des tensions : répit et bonheur éphémère dans la tourmente, paix du dormeur qui va être assassiné, une mère et une fille se tiennent intensément par la main, la mère scrute le ciel, pleine d’inquiétude : orage ou bombardiers ?Â
Vernissage
Mercredi 8 octobre 2008. 18h-21h30.
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