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Affiche frontière

04 Oct - 23 Nov 2008

Avec cette campagne d’affichage, Metahaven se réapproprie les sucettes lumineuses de Bordeaux et les libère des codes que leur assignent les images et la publicité.

Metahaven
Affiche frontière

A la rentrée 2008, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux accueille un ambitieux projet conçu par le collectif européen Metahaven. Composé de Daniel van der Velden, Vinca Kruk, graphistes basés à Amsterdam (Hollande) et de Gon Zifroni (architecte basé à Bruxelles, Belgique), Metahaven est un groupe de recherche et de production appliqué au design graphique et à la communication visuelle.

Les projets de ce collectif, sous différentes formes, s’intéressent aux questions de l’iconographie, de l’architecture, de l’espace et du politique. Dans le cadre d’un programme «Offset» consacré à la création graphique contemporaine, le CAPC propose depuis 2006 une manière originale d’exposer le graphisme. Le projet de Metahaven s’inscrit dans la droite ligne de cette réflexion méthodologique innovante.

Pour ce projet Metahaven a proposé d’approcher la ville de Bordeaux du point de vue des «Mupi», les sucettes lumineuses ; il s’agit d’une forme architecturale qui est devenue l’empreinte de diffusion exclusive des campagnes commerciales ou culturelles dans les zones urbaines. «À travers une série d’affiches, nous allons traiter les sucettes comme un système de portes, d’écrans de projection et de fenêtres qui font face aux frontières intérieures des villes: les barrières de classe, de revenus et de strates sociales qui, au lieu de s’inscrire directement dans le contexte urbain comme des murs et des limites médiévales, ont été «codées» par l’intermédiaire des images, des marques, des identités et des valeurs assignées. En tant que telles, par l’affichage, les «sucettes» se transforment en portes.»

Le cycle d’expositions Off Set est un laboratoire de design graphique au CAPC. Chaque année, à l’invitation d’Etienne Bernard critique et commissaire d’exposition, collaborateur du Festival de Chaumont et de Yann Châteigné au CAPC, deux créateurs ou studios émergents se saisissent des lieux pour imaginer une exposition de graphisme comme ils concevraient la page d’un catalogue, en confrontant une sélection d’oeuvres à un espace/environnement désigné. L’exposition se révèle ainsi comme un objet graphique à appréhender comme tel, comme un livre que l’on parcourt.

La proposition de Metahaven consiste en un travail en trois temps, profondément ancré dans le contexte même de son intervention. Tout d’abord, plusieurs séjours d’étude à Bordeaux, qui ont été passés à étudier les archives du CAPC, ses espaces d’exposition, mais aussi le contexte urbain de la ville, leur ont permis d’appréhender l’histoire du musée, de son identité visuelle, de son inscription dans la cité et des conditions de sa visibilité. De cela,naît aujourd’hui une proposition d’exposition prenant la forme d’un affichage public.

L’exposition de Metahaven prend dès lors une résonance toute particulière. Plutôt que de n’exposer que dans l’enceinte protégée du musée, les graphistes souhaitent confronter leur travail avec l’espace public. Plutôt que de proposer un travail rétrospectif, ils proposent une réflexion expérimentale sur le contexte de leur exposition basée sur la mémoire du lieu, pour mieux en visualiser le futur. Leur proposition, d’une grande puissance formelle, apparaît comme une véritable expérience, afin de donner à voir aujourd’hui le graphisme autrement. Et, par là même, afin d’ouvrir le musée sur la ville, accueillir une véritable réflexion sur la condition urbaine de Bordeaux à l’intérieur même des murs du CAPC. Une proposition qui s’inscrit clairement dans la continuité des expositions menées par le CAPC depuis plus de trente ans.

Le premier concept qui est de confronter l’empreinte virtuelle des marques et de la publicité à leur contexte urbain, se double de l’objectif, simultané et coopérant, de lancer une campagne d’affichage expérimentale pour le CAPC ; celle-ci met en jeu, à la fois une investigation spéculative sur sa future identité et des explorations de son histoire. Le CAPC est vu comme un Guggenheim inversé, ou un «empire intérieur» de l’art contemporain et comme un phénomène qui ne peut être perçu séparément de son histoire. De plus, la campagne d’affichage se verra chargée de motifs structurels et de références puisées dans les collections et les archives du musée.

Le projet propose un système d’échanges symboliques qui valorise la périphérie de Bordeaux, permettant un transfert inconditionnel des espaces. Il s’agit de revaloriser la position de la banlieue non par rapport à son noyau mais à travers l’établissement de nouveaux types de rapports,de nouveaux symboles d’identification de nouvelles surfaces. Inversement du système: utiliser l’espace de diffusion des marques pour promouvoir les espaces de production c’est à-dire les usines et la banlieue.

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